Emmené par les talentueux Jack Russell et Mark Kendall, Great White ne dépassait pas le statut d’espoir du Hard-Rock US tant ses 2 premiers albums brillaient plus par la qualité des reprises que par l’intérêt de leurs compositions originales. Il aurait cependant été dommage de condamner trop rapidement un groupe encore en maturation mais qui laissait entrevoir de sérieux atouts pour la suite de sa carrière. Voilà donc que déboule ce "Once Bitten" pour lequel il serait une erreur de s’arrêter à la pochette particulièrement ringarde.
Alors qu’il accueille enfin Michael Lardie en son sein à titre officiel, le désormais quintet marque son territoire en ne proposant que des compositions de son cru, et si cet exercice ne lui avait que moyennement réussi jusque-là, il faut reconnaitre que Great White hausse le niveau de plusieurs crans. En laissant enfin le champ libre à ses influences bluesy, le combo US nous sert quelques petits brulots sur lesquels la voix de Russell prend toute son envergure, alors que Kendall laisse éclater tout son feeling. Les sommets sont atteints sur un "Rock Me" de plus de 7 minutes, alternant passages délicats et refrains accrocheurs, le tout porté par une basse délicieusement groovy, et renforcé par l’harmonica d’un Michael Lardie qui sait décidemment tout faire. Ajoutez à cela un "Mistreater" efficace et graisseux avec son piano bastringue (toujours Lardie !), la délicate ballade semi-acoustique "Save Your Love", et un cinglant "Gonna Getcha", et vous avez un groupe qui affirme enfin son identité.
Si quelques réminiscences FM trainent encore ici et là, c’est pour donner lieu à un titre dynamique et accrocheur ("Lady Red Light"), alors que Great White sait également manier le Hard-Rock basique avec une redoutable efficacité sur l’irrésistible "All Over Now", et carrément accélérer le rythme sérieusement sur un "Fast Road" boosté par l’impressionnant jeu de batterie d’Audie Desbrow. Dommage que certains titres dispensables viennent suffisamment handicaper ce "Once Bitten" pour l’empêcher de réussir le sans-faute. C’est le cas de "Never Change Heart" qui traine trop sur les plates-bandes d’un Bon Jovi musclé et de "On The Edge" qui fait la même chose sur celles de Ratt.
Il n’empêche que Great White quitte enfin la catégorie des espoirs pour s’imposer dans celle des très bons groupes de Hard Rock US ayant délimité leur territoire. Préférant l’authenticité de ses racines blues aux fastes du Glam, ces talentueux musiciens s’ouvrent de nouveaux horizons qu’il nous tarde de parcourir en leur compagnie.