Expression musicale de la douleur, le doom, on l'a dans le sang ou pas. Cela ne fait aucun doute concernant le cas de Simon Iff? Et comme The Lamp Of Thoth semble ne pas lui suffire, il vient de planter la graine d'un nouveau projet baptisté Arkham Witch. Dans un premier temps seul aux manettes pour graver sa démo séminale, il est désormais rejoint par deux autres êtres vivants, dont la batteuse Emily Ningauble, plus connue sous le doux sobriquet de Lady Pentagram chez The Lamp Of Thoth justement. Le doon est une affaire de famille.
Cette chapelle est surtout une affaire de valeur, de sincérité. Les six psaumes qui composent cette rondelle le démontrent bien car ils sont déstinés aux purs, aux intégristes d'un genre vierge de toutes pénétrations extérieures. Si dans le fond, le britannique demeure fidèle à une inspiration lovecraftienne (avec un tel nom de groupe, difficile de fait de nier cette inspiration), à laquelle il ajoute des références à Edgar Poe et Lord Tennyson ("The Kraken"), dans la forme cependant, Arkham Witch se veut plus heavy/doom que son faux frère jumeau quand bien même les deux entités partagent une proximité évidente. Bref, si vous aimez l'un, il est somme toute peu probable que l'autre vous rebute.
La production est roots de chez roots mais ce son garanti sans OGM et première prise - trop peut-être - convient pourtant parfaitement à une musique simple (ce qui ne signifie pas qu'elle soit simpliste !) et sans afféterie. Tous les titres ont l'air d'avoir les jambes prisonnières d'une couche épaisse de mazout et ne risquent pas de battre des records de vitesse, malgré un "Legions Of The Deep" plus pressé que les autres.
"Arkham Witch", après une entame curieuse, démarre en seconde, mais pas davantage avec ces riffs pesants et sa basse aux rondeurs que l'on a envie de pétrire comme la croupe généreuse d'une femme. Superbement heavy, "Let England Prevail" est illuminé par le chant solennel de Simon, proche ici d'un Albert Witchfinder (Reverend Bizarre). Egalement très NWOBHM est "Suicide 75" malgré un modelé assez lent. Sa seconde partie est tout bonnement jouissive. Mais Arkham Witch a su garder le meilleur pour la fin. "Hyades" est en effet une excavation funéraire dans les abysses longue de plus de 9 minutes, plainte viciée au tempo ultra doom en dépit d'une accélération qui la fissure en son milieu.
Il s'agit donc d'un essai tout à fait prometteur. Avec une prise de son plus profonde, le projet pourrait encore gagner une toute autre dimension. Mais une enveloppe sonore plus imposante ne le dénaturerait-il pas ? Avec sa cuirasse dépouillée, Reverend Bizarre a néanmoins prouvé que l'on pouvait marier puissance et aridité du trait. Les Anglais pourraient sans doute en faire autant...