Formé en 1972 par Jon Hiseman, talentueux batteur de Colosseum, Tempest eu une carrière assez courte puisqu’auteur de 2 albums en 1973 et 1974 qu’Esoteric Records ressort en 2011 avec un travail une fois de plus remarquable fait sur les bandes originales. Point de bonus sur cette nouvelle version de l’album éponyme du groupe mais un nettoyage en profondeur de l’enregistrement faisant disparaître une grosse partie du souffle permettant de (re)découvrir alors un mix stéréophonique particulièrement soigné.
Mais tout d’abord une présentation de l’équipe s'impose. Le capitaine du bateau a su s’entourer de talentueux personnages avec, entre autres, Allan Holdsworth aux guitares (ainsi qu’au violon) ainsi que le claviériste/chanteur Paul Williams complétés par le bassiste de Colosseum, Mark Clarke. Toute cette équipe va accoucher d’un opus marqué par le jeu de batterie de son mentor ainsi que le formidable travail de guitares donnant à cet album un air de pépite découverte sur le tard.
Les 8 titres que forment cette galette couvrent une large palette d’influences qui va du blues ("Dark House") hanté par la patte de Jimmy Hendrix, au blues rock ("Strangeher" et son soli central de 6 cordes), jusqu’au hard rock qu’à pu distiller en son temps le Thin Lizzy des débuts ("Gorgon" et l’utilisation à outrance de la stéréophonie pour séparer la guitare rythmique et la lead). La classe naissante d’Allan Holdsworth éclabousse de son empreinte l’ensemble des compositions avec des soli récurrents et surtout majeurs (pas par la durée mais par la qualité).
L’utilisation de plusieurs couches de guitares fait mouche sur "Brother" et le hard rock (très 70’ tout de même !) de "Foyers Of Fun". "Up And On" donne le ton et enfonce le clou. Bien sûr les influences jazzy de Jon ressortent ici et là lors de breaks centraux où la batterie prend alors une place prépondérante. 2 ballades sont aussi au programme dont une occupant la dernière plage du disque ("Upon Tomorrow") et qui s’ouvre sur 2 minutes où le trio violon/basse/batterie déblaye la piste d’envol pour un break mid-tempo tout en contretemps avant un retour au calme ponctué par un soli de 6 cordes cristallin.
Saluons une fois de plus le travail d’Esoteric qui nous permet de se mettre entre les oreilles des témoignages musicaux qui le méritent bien. Tempest (à ne pas confondre avec le groupe du même nom qui sévit actuellement) reste un des premiers super-groupe de l’histoire et sera chahuté très rapidement par les tensions et les souhaits d’aller voir ailleurs. Ce disque reste alors une preuve que le rock et ses nombreuses ramifications remontent bien plus de 40 ans en arrière et que, lorsqu’il est servi avec talent, il peut offrir un très bon moment. Un disque à découvrir même si l’on parle d’un temps que les moins de 35 ans n’ont pu connaître.