Après avoir fait une entrée remarquée dans les pages de Music Waves avec son Artificial Paradise, Sylvan confirmait son indéniable talent cette année avec le non moins remarquable X-Rayed. Loin d'en rester là, nous nous devions donc de nous pencher sur le passé de ce groupe et le moins que l'on puisse dire, c'est que dès le début de sa carrière, ce groupe était déjà extrêmement prometteur.
Avec Deliverance, on est en présence d'un premier album de très bonne qualité d'une part, mais également à mille lieues d'un X-Rayed d'autre part. En 1998, Sylvan est un petit groupe qui tente encore de s'imposer sur le difficile marché du rock progressif. Ils ont du talent, de la technique et de l'inspiration mais ils suivent de façon évidente les traces de Marillion, Genesis ou Yes, ce qui est beaucoup moins marquant avec leurs deux dernières productions.
L'esprit Sylvan est déjà posé, avec sa voix si caractéristique bien que pas encore maîtrisée comme aujourd'hui, une production déjà excellente, mais à côté de cela on nage dans un rock progressif plus en accord avec les définitions couramment admises du style, à savoir des morceaux qui s'étendent sur la durée et de fréquents changements d'ambiance. L'amateur de rock progressif sera donc enchanté par un "Seeking Nights" ou un "Deliverance" typiques de Genesis mais percevra déjà tout le feeling de ce groupe à l'écoute d'un "Childhood Dreams" qui vous clouera à votre siège par le poids de l'émotion qu'il dégage.
Enfin, la pièce maîtresse reste "A Fairytale Ending" qui réussit à la fois l'exploit d'être un morceau remarquable et celui d'annoncer l'avenir : dans ce même morceau se côtoient les classiques du genre, comme la narration, les ambiances de taverne moyenâgeuse et les premiers signes de l'émancipation dont fera preuve Sylvan en créant des morceaux dont on ne sait jamais où les classer.
Un exemple ? Imagineriez-vous un interlude techno au milieu d'un morceau semblant de prime abord inspiré directement d'un Supper's Ready ? Sylvan, lui, ose tout, et le plus surprenant, c'est qu'après le premier effet de surprise, force est d'admettre que ces musiciens maîtrisent également cela.
Deliverance est donc un excellent album, qui ne peut éventuellement souffrir que de la comparaison avec ses successeurs, et encore...