Rompant avec leur rythme plutôt régulier de sortie, Dead Can Dance fera patienter ses fans près de 3 années avant de leur proposer enfin un Into The Labyrinth en guise de bienvenue retardée dans les années 90.
Anticipant en cela ses futurs travaux en solo, Lisa Gerrard ouvre ce nouvel album par un titre totalement empreint de mysticisme, Yulunga, sous-titré fort à propos "Spirit Dance", auquel les percussions tribales accompagnant la deuxième partie amènent une dimension plutôt inquiétante. Comportant de fortes influences exotiques disséminées tout au long des onze plages, Into The Labyrinth nous égare dans ses méandres, tiraillé entre le back-ground mystico-spirituel de la discographie de Dead Can Dance, et l'ambition semble-t-il portée par Brendan Perry, d'une évolution vers des sonorités plus modernes, des expérimentations plus poussées, notamment en direction d'une musique électro-répétitive.
Pour se rendre compte de cette dichotomie, il suffit de comparer les titres chantés par Lisa Gerrard, parfois même carrément a capella (The Wind That Shakes The Barley), et ceux placés sous l'égide de Brendan Perry, comme par exemple The Ubiquitous Mr Lovegrove, ces derniers conservant le sel des productions précédentes, tout en tentant de le marier avec des sonorités plus modernes.
Parfois, les deux genres se mélangent avec plus ou moins de bonheur au sein d'une même plage comme sur le réussi Towards The Within, mais aussi le plus quelconque The Spider's Stratagem. A ce petit jeu surprenant et quelquefois déroutant, l'auditeur pourra perdre quelque peu patience, surtout quand le propos s'étire sur des plages plus longues que d'habitude. Cependant, c'est de la plus étendue d'entre-elles que viendra la plus belle émotion. How Fortunate The Man With None vient en effet conclure de fort belle manière du haut de ses 9 minutes, un album contrasté, marquant un véritable tournant dans la carrière de Dead Can Dance.
Album exigeant, Into The Labyrinth demandera un certain temps avant de révéler tous ses charmes aux auditeurs patients, ceux à qui une certaine ouverture d'esprit permettra d'assimiler la lente mutation affirmée du groupe, prélude à la suite de l'histoire de ses deux protagonistes.