Expérimentations musicales approfondies, son modernisé, touches ethniques toujours présentes et spiritualité patente, tels étaient les qualificatifs associés à Into The Labyrinth, album charnière dans la discographie de Dead Can Dance et publié trois années avant ce Spiritchaser. Et si son prédécesseur balbutiait parfois entre la tendance ancienne très spirituelle du groupe et son orientation profondément modernisée, ce nouvel album va définitivement basculer du côté de cette dernière, continuant le chemin tracé précédemment, mais en allant encore un peu plus loin dans l'avant-gardisme.
En ouverture, Nierika nous propose un aperçu très saisissant de cette nouvelle voie : des percussions ethniques, tribales, aux sons fortement retravaillés viennent donner le tempo d'une lente mélopée, chantée dans une langue inconnue (imaginaire ?), basée sur des sonorités de synthés planantes et sublimée par l'harmonie parfaite des voix du duo.
Et dans la continuité, Song Of The Stars va aller encore plus loin dans le style, développant tout du long de ses 10 minutes des incantations quasi-hallucinatoires, et pour cause, celles-ci provenant d'un rite vaudou. Tout en conservant la même base tonale, l'orchestration progresse tout du long de la plage, ajoutant un effet par ci, une nouvelle mélodie par là, un accompagnement inattendu, au point de rendre la musique carrément hypnotique. La recette étant bonne et parfaitement récitée, elle sera également appliquée pour Indus, ou encore The Snake And The Moon.
La production est tout bonnement excellente, avec une recherche de confort acoustique qui rend merveilleuse l'écoute au casque, notamment lors des passages de percussions se baladant d'une oreille à l'autre. Seule légère fausse note, un Song Of The Dispossessed qui, placé après les trois merveilles démarrant l'album, peine à se montrer à la hauteur. Mais une fois Devorzhum démarré, cette petite faute de goût sera vite oubliée, tant cette dernière plage est réussie : un accompagnement en bourdon plutôt simpliste mais remplissant ni trop ni trop peu l'espace sonore, laissant la place à LA voix, celle de Lisa Gerrard, qui vient boucler le dernier album à ce jour du duo par une performance on ne peut plus génératrice d'émotions. Une merveille.
Alors que Spiritchaser semblait annoncer le début plus que prometteur d'une deuxième phase dans la carrière de Dead Can Dance, il a finalement sonné le tocsin (du moins jusqu'à ce jour, un nouvel album venant d'être annoncé pour 2012) du groupe, chacun partant ensuite dans des carrières en solo plus ou moins prolifiques. Il reste toutefois à ce jour une des leurs plus belles réalisations, à découvrir ou à réécouter d'urgence.