Huit ans après la sortie de "Testimony", premier album solo paru depuis sa séparation d'avec Spock's Beard, Neal Morse décide de lui donner une suite avec un double album judicieusement baptisé "Testimony Two".
"Testimony" était découpé en cinq chapitres. Le disque 1 de "Testimony Two" commence logiquement au chapitre six et en comprend trois nouveaux subdivisés en treize titres. En fait, il faut voir chaque chapitre comme un long morceau (respectivement de 22'50", 22'54" et 32'36") composé de plusieurs mouvements, procédé familier à tout adepte de rock progressif. Et pour bien insister sur la filiation de cet album avec son prédécesseur, l'introduction (et la conclusion) sont la reprise d'un thème déjà exposé sur "Testimony".
Si "Testimony" racontait en long, en large et en travers, la subite conversion de Neal Morse au christianisme, sorte de profession de foi mise en musique, "Testimony Two" revient sur le processus de cette révélation. Tout d'abord, le succès rencontré avec Spock's Beard, les concerts qui le tiennent éloigné de sa famille et la naissance de sa fille, Jayda, atteinte d'une malformation cardiaque. Puis la miraculeuse guérison de celle-ci et son indécision parsemée de doutes à croire à un miracle. Enfin, le rejet de sa vie d'artiste et sa conversion.
Musicalement, Neal Morse imprime sa patte aisément reconnaissable : des titres très riches, mélodieux, variés, passant avec grâce et facilité du progressif symphonique au hard rock, limite métal, en faisant un détour par de sublimes ballades qui s'impriment de façon indélébile dans votre cortex. Les compositions ciselées se succèdent, sans faille, magnifiquement servies par un trio de musiciens irréprochables (Morse / George / Portnoy) eux-mêmes soutenus par de nombreux intervenants de qualité, et une production haut de gamme.
Bien que l'album soit d'une remarquable homogénéité, citons 'Time Changer', clin d'œil rétro au 'Thoughts' de Spock's Beard, racontant le succès que rencontre justement ce groupe, et interprété à la manière du 'Knots' de Gentle Giant par Nick D'Virgilio, Dave Meros et Alan Morse, tous trois actuels membres de Spock's Beard. Jayda est doté d'un magnifique thème symphonique pétri de tendresse et de compassion et les deux 'Jesus' sont de poignantes ballades. Difficile de ne pas frissonner à l'écoute de tels morceaux.
Cerise sur le gâteau, le deuxième disque bonus ne sert pas de faire-valoir. Si les deux premiers titres sont "simplement" agréables, 'Seeds Of Gold' est un epic de près de 26 minutes d'une fluidité admirable qui tient l'auditeur en haleine d'un bout à l'autre.
Si cet album n'obtient pas la note maximale, c'est uniquement parce que Neal Morse utilise les mêmes ficelles que sur ses albums précédents, laissant une impression de déjà vu. Maintenant, peut-on reprocher à un artiste d'être constant dans l'excellence ? "Testimony Two" se montre largement supérieur à la production courante, sur les plans de l'inspiration, de l'interprétation et de la réalisation. Vous l'aurez compris, la meilleure chose à faire est de vous précipiter chez votre revendeur favori pour acquérir ce précieux CD.