Arditi fait partie de ces entités qui, sans exalter les forces sombres du Black Metal (musicalement, nous sommes même assez loin), gravitent cependant à la lisière du genre. Le fait qu'il ait collaboré le temps de deux pistes d'anthologie avec Marduk (sur Plague Angel puis Rom 5:12) n'est sans doute pas étranger à cette filiation évidente, de même que le propos volontairement martial - plus que guerrier - qui forme le substrat sur lequel toute son oeuvre est bâtie.
Son nom emprunté à celui d'un corps spécial de l'armée italienne lors de la Première Guerre mondiale, tout comme les visuels d'un esthétisme autoritaire participent à ce fil conducteur que certaines plumes en panne d'imagination n'auront bien entendu pas manqué de rapprocher d'une quelconque idéologie nauséabonde, raccourci commode s'il en est qui d'ailleurs reste à démontrer. De part sa thématique et la musique qu'il façonne, alliage puissant entre pulsations Ambient et envolées néo-classiques et industrielles, Arditi prête le flanc aux crtitiques. Mais il s'en moque, poursuivant depuis dix ans une ligne directrice dont il ne se départira - heureusement - jamais.
A l'origine publié en 2005 via Blooddawn Records, Spirit Of Sacrifice a droit aujourd'hui à une seconde peau (nouvel écrin et titre bonus) grâce à l'union des Suédois avec Equilibrium enterrinée avec Standards Of Triumph (2006). Par rapport à Marching On To Victory, leur première campagne, cette seconde véritable offrande permet au duo composé de Henry Möller (également réputé pour son travail avec Puissance) et de Marten Björkmann, de peaufiner leur art en lui conférant une dimension orchestrale alors inédite et inouie.
Magma sonore où fusionnent martellements rythmiques, nappes de claviers inquiétantes et samples narratifs, l'album résonne d'un écho froid comme la pierre des architectures totalitaires. Il est une plongée dans les temps sombres quand le fer et le sang en déterminaient les couleurs. Dès l'introductif "Palingenesis", c'est un tonnerre martial basé sur des roulements de batterie militaire, qui s'abat et pose le décor. Puis Spirit Of Sacrifice déroule ses aplats gris et oppressants. Plus il avance et plus le ciel parait s'assombrir comme le prélude à une entrée en guerre que l'on devine imminente. Il gronde d'une force souterraine que seule une écoute au casque et à plein volume pourra en restituer toute la sinistre mesure.
Qu'ajouter de plus si ce n'est que tout l'ensemble du travail des Suédois, issus de cette école nordique de la musique industrielle et Ambient (Raison d'Etre, In Slaughter Natives...), est de toute façon référentielle et que nous ne saurions trop vous conseiller de découvrir si cela n'est pas déjà fait...