Cela fait déjà deux albums que l’armée Saxon semble se disloquer. Se lançant une première fois vers des contrées FMisantes sur "Innocence Is No Excuse", puis hésitant entre poursuivre sur cette voie et revenir sur des territoires plus familiers avec "Rock The Nations", Biff et sa bande ont déjà perdu Steve Dawson en route. Voilà que c’est maintenant au tour de Nigel Glockler de déserter le champ de bataille pour ce "Destiny" au patronyme angoissant. Car si c’est ici le destin choisi par la légende de la NWOBHM, il y a de quoi s’inquiéter quant à son avenir artistique.
Si nous reprochions à Saxon de rester le cul entre deux chaises sur "Rock The Nations", le combo britannique a clairement décidé de tenter à nouveau l’aventure d’un Hard FM commercial, alors que cette démarche s’était déjà soldée par un échec sur "Innoncence Is No Excuse". Il n’y a ici aucune place pour l’hésitation et la présence de Steven Lawes-Clifford aux claviers, même s’il n’apparait pas officiellement dans le line-up, en est la preuve la plus flagrante, ainsi que la reprise du tube pop-rock "Ride Like The Wind" de Christopher Cross dès le premier titre de l’album. Quoi que bien foutu, ce morceau n’est pas ce qu’il y a de mieux pour accrocher les die-hard déjà déboussolés par les précédentes livraisons. Et ne comptez pas sur la suite de la tracklist pour retrouver le Saxon qui a tant participé à l’élan du Hard Rock britannique depuis presque 10 ans.
A l’exception d’un "When The Lightning Strikes" un peu heavy et au refrain accrocheur, d’un "For Whom The Bell Tolls" qui est le seul à voir Nigel Durham, le nouveau batteur, sortir la double-pédale, et d’un "Red Alert" qui clôture l’album sur des bases plus classiques pour Saxon, le reste baigne dans un Hard FM de qualité plus qu’inégale. En effet, en dehors du bon mid-tempo "I Can’t Wait Anymore" sur lequel Biff fait preuve d’un peu d’enthousiasme, nous avons plutôt droit à du classique sans intérêt particulier ("Song For Emma"), du potentiellement intéressant qui ne confirme pas ("S.O.S.") ou qui sombre carrément dans le ridicule à cause de claviers ultra-kitch ("Calm Before The Storm"), voire à une espèce de pathétique tentative de pompage du "Jump" de Van Halen et du "The Final Countdown" d’Europe sur un "We Are Strong" dont on retient le refrain pendant des heures tellement il nous a fait marrer.
Si la qualité de l’ensemble reste acceptable, la déception n’en est pas moins profonde. "Destiny" est un album de Hard FM qui n’a pas à rougir de la comparaison avec la moyenne des productions du genre, mais il est un mauvais album de Saxon. Ce n’est d’ailleurs pas par hasard si Biff Byford n’est jamais paru aussi peu impliqué dans son chant. Seule la paire Quinn / Oliver s’en sort avec les honneurs, dégainant encore d’excellents soli, alors que Durham ne tient clairement pas la comparaison avec son prédécesseur. Autant d’éléments qui font craindre le pire pour Saxon qui jouera probablement son avenir à quitte ou double sur son prochain opus.