Forest Of The Soul, qu’il ne faut pas confondre avec son presque homonyme hexagonal aujourd’hui disparu, est un nom qui ne vous dira probablement rien. Celui de Nechochwen, sans doute davantage (quoique...), surtout chez ceux qui s’intéressent aux artistes qui, malgré un ancrage métallique certain, maraudent à la lisière du (néo)folk.
Car lorsque Andrew Della Cagna et Aaron Carey ne sont pas occupés avec leur principal port d’attache, ils besognent leur maîtresse : Forest Of The Soul. Comparé à son aîné, cette seconde entité arbore un visage intégralement acoustique, trait que l’on retrouve déjà chez Nechochwen, bien que dans une moindre mesure. Mais ces arpèges osseux, ces lignes de guitares forestières sont immédiatement reconnaissables, tout comme le chant clair de Della Cagna.
De là à se demander quel est l’intérêt pour des musiciens de mener de front deux projets que cimentent d’évidents points communs, il y a un pas… que nous ne franchirons toutefois pas. Ainsi, là où Nechochwen se pare d’un halo quasi métaphysique, à l’image de son dernier et excellent opus, Azimuths To The Otherworld, Forest Of The Soul se veut tout simplement plus dépouillé, plus terreux. Peut-être plus mystique également.
Si l’on peut regretter à la fois l’alternance par trop systématique entre vraies chansons et pistes instrumentales, au demeurant de petits bijoux d’émotion car d’une sobriété touchante, témoin le très beau "Without You", ainsi qu’une durée un peu longue dans sa version limitée enrichie de quatre titres supplémentaires, Restless In Flight, son deuxième opus, séduit par sa simplicité. On se laisse entraîner par les Américains à travers la sente sillonnant les bois ("Summer Glades") aux couleurs automnales. Bien qu’ils n’innovent en rien, il y a une telle sincérité mêlée à un plaisir réel de se faire plaisir que l’on ne peut que les suivre, guides champêtres qui se délestent de compositions doucement mélancoliques, généreuses et irradiant une chaleur salvatrice. De "Restless In Flight" à "Alone/Desert Rose" sans oublier "Auburn Hill", les premières plages vibrent de la même beauté que celle dont les paysages se drapent lorsque le soleil se couche. Dommage que l’album s’essouffle un peu dans sa seconde partie.
Reste dans tous les cas une offrande percée de quelques belles fulgurances, s’inscrivant admirablement, d’une part, au sein de l’œuvre de Della Cagna et Carey, toute entière bâtie comme une expression sonore de la nature, et d’autre part, dans la philosophie chère au label Bindrune Recordings, aussi rare que précieux. Les admirateurs de Nechochwen ne seront donc pas trop dépaysés.