Avec un artwork pareil et un nom comme le sien pas la peine de chercher midi à quatorze heure, ce groupe nous vient indubitablement du pays du soleil levant. Telle pourrait être notre première réflexion à l'approche de cet album à la dénomination énigmatique : "SVRGN". Sauf que le groupe n'a absolument rien de nippon. En effet, KYU est originaire d'Arnhem, l'autre pays du fromage. Voici donc un quator, formé en 2004, qui s'ingénie à brouiller les pistes jusqu'au bout. Car, même musicalement, coller une étiquette aisément identifiable et judicieusement choisie relève de la gageure en ce qui concerne ce deuxième album des Néerlandais.
KYU présente sa musique comme du nu-deathcore ce qui sous-entend tout un programme musical. Nu-deathcore, car la musique de KYU serait un mélange musical d'éléments propres au mathcore, au death métal (sic) et au hardcore. Présenté comme cela, certains pourraient rejeter l'album sans même l'avoir écouté. Sauf qu'à s'intéresser de près à ce "SVRGN", l'étiquette se révèle assez réductrice. Cet album est beaucoup plus ouvert, lorgnant même vers le doom ("NRLCNNCTN"), et propose une musique originale pouvant même fédérer certains auditeurs allergiques au métal dit extrême. Pour schématiser, "SVRGN" c'est un peu comme si MESHUGGAH tapait le boeuf avec SPARTA et MACHINE HEAD. Avouons que présenté ainsi, écouter cet album donne déjà plus envie.
D'abord, le chant, loin des canons du genre death-métal, se veut avant tout virilement enragé et mélodiquement varié, même s'il peut s'apparenter au chant hardcore sans être vraiment totalement gueulard. Instrumentalement Kyu présente une musique quelque peu hypnotique, parfois dissonnante, mais surtout rugueuse pour ne pas dire râpeuse. Les compositions sont d'une rare efficacité et se révèlent pour la plupart particulièrement accrocheuses, voir même mélodiquement entêtantes à l'instar de titres comme "RL", "PLSTCSHTRY" ou "RPTR".
"SVRGN" s'avère tout simplement une très belle découverte. Cet album fait partie de cette catégorie de disques que l'on n'attend pas et qui nous tombe dessus pour notre plus grand bonheur auditif. Original, cohérent, mélodique, entêtant, plutôt facile d'accès et riche, voici un album complètement réussi du début à la fin. On ne peut que regretter qu'avec un tel opus KYU ne bénéficie pas d'une vraie distribution, digne de ses qualités musicales.