A croire qu'il y a des groupes qui ne veulent pas vendre leur disque ! En effet, certains groupes omettent l'importance que peut revêtir la beauté de l'artwork dans l'achat impulsif et parfois compulsif du métalleux avide de nouvelles sensations sonores. Et ce détail s'avère sans doute plus important encore quand la formation n'en est qu'à ses balbutiements discographiques. Tornado fait partie de cette catégorie de groupes insouciants qui, pour son premier album, nous présente un artwork des plus laids qui soient. Il faut dire qu'à la décharge du groupe finno-néerlandais, celui-ci ne semble pas vraiment se prendre au sérieux avec pour titre d'album un jeu de mot doublement et diablement bien trouvé : Amsterdamn, Hellsinki.
Tornado oeuvre dans un thrash plutôt bien troussé. Un thrash d'obédience old-school qui rappelle ces déjà lointaines années 1980 qui, outre la naissance de ce genre musical, virent la venue de groupes tels que Sacred Reich, D.R.I, S.O.D. ou Vio-lence dont Tornado pourrait être un des rejetons. En effet, les finno-néerlandais puisent quelque peu leurs influences dans ce thrash U.S. qu'on appelait jadis crossover. Dans cette vague de thrasheurs porte-étendard d'un revival du thrash d'antan, Tornado s'inscrit dans la même logique que des groupes comme Bonded By Blood, Warbringer ou Municipal Waste, même si Tornado, ne surfe pas tout à fait sur la même vague que ce dernier groupe californien. Mais la démarche reste la même : un thrash aux airs festifs, sans prise de tête et sans fioriture. Ce qui, toutefois, n'empêche pas Tornado d'aborder des sujets graves et d'actualité comme sur "Tunisia Uprising" ou "Priesthood Pedophlia".
Amsterdamn, Hellsinki s'avère être un album sans aucune surprise dû au genre musical pratiqué qui n'invente rien mais recycle avec plus ou moins de bonheur. Et dans le cas de Tornado, il faut bien admettre que c'est avec un certain plaisir que cet album se laisse écouter. Mais si ce premier opus s'avère plutôt plaisant dans sa forme musicale, avec des soli de guitare maîtrisés et des compositions efficaces parmi lequelles on retiendra avant tout "3 of 8" et "Priesthood Pedophilia", il n'en est pas moins dénué de quelques petits défauts. D'abord, il y a le chant de Superstar Joey Severance, principal compositeur du groupe, qui mélodiquement ne varie guère et peut lasser à la longue. Ensuite, il y a cette production, pourtant signée Peter Tätgren, un peu faiblarde, sans doute pour lui donner un cachet années 80. Comme si on ne pouvait pas être old-school sans sonner moderne ! Enfin, on peut s'interroger sur l'utilité de ce bref interlude à la voix féminine, "Moora", aussi mal foutu qu'il est malvenu.
Au final, avec Amsterdamn, Hellsinki, Tornado signe un album honnête de thrash old school qui, non dénué d'intérêt et aux qualités assurées, pourrait ne pas convaincre du premier coup les plus vieux thrasheurs. En effet, quelques écoutes s'avèrent nécessaires pour passer outre les petits défauts évoqués ci-dessus. De fait, cet album s'adresse surtout et avant tout aux auditeurs néophytes du genre.