Il aura fallu 2 ans à ZeroGravity pour accoucher de son premier véritable CD après 2 Démos particulièrement remarquées en 2003 et 2005. Ce groupe belge a pris son temps pour nous livrer ce petit bijou de Métal Progressif Mélodique empreints de références aux anciens. Formé en 2003 par Dirk, Marc et Pieter, le combo s’est adjoint l’aide de 2 vocalistes pour sa première démo puis le line-up s’est stabilisé depuis 2005 jusqu’à maintenant. En 2006 le groupe a eu la chance de jouer au ProgPower Festival de Baarlo en Hollande où il prendra goût à la scène. Depuis ce jour il arpente assidument les planches pour trouver une ligne directrice gravée dorénavant sur galette.
Tout d’abord chapeau bas au travail de composition et à la qualité de l’interprétation qui, pour chaque instrument, sent bon la maîtrise sans pour autant faire office de démonstration comme peut l'affectionner un Dream Theater. Quatres instrumentaux - "Disclosure" : une introduction allant crescendo de la nappe de synthés à la libération des 6 cordes, "Swimming Ashore" : un duo guitare accoustique/synthés loopant et reposant, "Rest Denied" : un bidouillage de sons technoïdes dispensable et "Paved With Good Intentions" plutôt dans ambiance futuriste - relient les différentes compositions pour faire un tout sans blanc donnant à cet opus un goût de concept-album.
Bien préparée par l’instrumental introductif, la suite en 2 parties, "Second Betrayal", nous fait entrer dans le vif du sujet. Les guitares cisaillent l’atmosphère jusqu’à la première intervention vocale d’une justesse prometteuse tandis que la double pédale intervient sporadiquement et toujours à bon escient. L’enchaînement vers la 2ème partie se fait sur un son de guitare accoustique proche de ce que l'on peut retrouver chez Clepsydra sur son dernier album. Le break central tout en contretemps précédant un solo de 6 cordes finira de charmer l’auditeur friand de ce type d’exercice.
"Inner Ruins" très rentre-dedans trouve un coté soyeux lorsque la voix entre en piste, servie par une mélodie couplet/refrain fort à propos. La composition perd alors petit à petit de sa dureté sans toutefois diminuer d’intensité malgré la présence toujours imposante des 2 guitaristes/chanteurs. Même ressenti avec « Blind Into The Stare » caractérisée cependant par un travail plus important au niveau des percussions et de la batterie et dont les voix se superposent plus souvent apportant un surcroit d'énergie à leurs interventions.
"Webshards" est l’un des deux grands épiques qui naviguent largement au-delà des onze minutes. Globalement lente, elle s'apparente à une ballade soutenue, alimentée par des nappes de synthés omnprésentes alors que "Life Formula" se voit gachée par une tirade synthétique avec une voix métallique passant de droite à gauche sur 5 longues et énervantes minutes. Considérons cette erreur comme une erreur de jeunesse et ne remettons pas en cause le restant de l’album.
Voilà donc une fort belle offrande que ce "Misplaced Moments". Un disque qui ravira à coup sur les amateurs de longues compositions légèrement tourmentées ainsi que ceux qui placent Riverside, Quidam ou Porcupine Tree dans leurs groupes préférés.