L'expérience du remplacement de Michael Sadler par Rob Moratti au sein de Saga a tourné court mais elle a eu le mérite de démontrer plusieurs choses. Saga n'est plus Saga sans Michael Sadler qui n'est pas grand chose sans Saga. Comme Saga n'est pas vraiment Saga avec Rob Moratti, reste à savoir ce que vaut ce dernier depuis son départ-éviction, et quelle meilleure occasion que ce premier album solo pour se forger une opinion ? Et pour orienter cette dernière, le chanteur canadien n'a pas lésiné sur les moyens: superbe pochette et line-up de haut vol avec entre autres, Reb Beach (Winger, Whitesnake) à la guitare, Tony Franklin (The Firm, Blue Murder) à la basse, et Brian Doerner (Saga) à la batterie.
Si vous êtes amateur d'Aor US à tendance Westcoast, il y a fort à parier que vous trouviez de quoi vous satisfaire parmi les 11 titres proposés par le vocaliste et sa dream-team. Production chaude et lisse à la puissance maitrisée, refrains imparables et hits potentiels en série destinés aux radios nord-américaines, superbes soli d'un Reb Beach se libérant de la frustration accumulée dans l'ombre de Doug Aldrich au sein d'un Whitesnake dont ce dernier est clairement le bras droit officiel de Coverdale, claviers omniprésents sans être trop envahissants, tous les éléments sont réunis pour vous faire passer un bon moment.
Parmi les moments les plus marquants, nous noterons les refrains accrocheurs d'un "Everything But Good Bye" ou d'un "Hold That Light", les mid-tempi enjôleurs de "Life Time" ou "I Promise You", et surtout un "On And On" mariant des facettes bluesy et groovy au sein d'une structure dont les légers changements de rythme ne sont pas sans évoquer Saga. Autre titre évoquant un grand du style, "Jennie" et ses accents à la Toto alterne refrains dynamiques et couplets plus calmes.
Pour peu que vous appréciez les ballades larmoyantes ("Take It All Back" et "Now More Than Ever", à peine sauvées par les soli gorgés de feeling de Beach), le côté nasillard de la voix de Moratti quand il monte dans les aigus, quelques shredd inutiles et stériles de l'ami Reb, et le côté très 80's de l'ensemble, vous tenez là un de vos albums de l'été. Pour le reste et comme de nombreuses sorties du genre, il est fort probable que ce "Victory" squattera les radios US et canadiennes pendant que notre désespérant hexagone l'ignorera superbement.