Mêler complexité et Hardcore, voilà un pari qui, s’il parait peu évident, semble pourtant avoir séduit les Toulousains de Dwail. Bien que baignant dans un univers musical où l’expression directe et crue fait force de loi, le groupe tente, au travers de ce premier album, de dépasser les genres et d’adjoindre à l’essence primaire du Hardcore, des variations et des digressions propres à enrichir son propos.
Et il faut bien avouer que le premier constat est assez déconcertant et déroutant. Là où nous serions enclin à attendre une musique pourvoyeuse d’une jouissance aussi immédiate que primaire, nous sommes heurtés par des compositions alambiquées et tordues (au regard de ce style) dont les arrangements et les structures semblent desservir l’efficacité. Pour autant, au fil des écoutes, ce qui apparait de prime abord comme un défaut se transforme peu à peu en atout. Et on en vient à apprécier la relative originalité de certaines phases musicales et de certains partis pris artistiques. Ainsi, les deux intermèdes aux ambiances hispanisantes et orientales ("Alpha" et "Omega", peut être une référence aux Hardcoreux de Cro-Mags ?), apportent un peu de fraicheur et permettent de briser le caractère un peu redondant inhérent à ce style.
Mais attention, ces petites « variations » ne changent pas l’essence de la musique de Dwail, et nous sommes bien là en terrain lourd et belliqueux, comme nous le prouve le très coreux "An Iron Hand In A Velvet Glove", dont le titre (« une main de fer dans un gant de velours ») n’est pas sans évoquer le style de Dwail, à savoir une base de Hardcore rehaussée et enjolivée par des arrangements et par un travail sur les mélodies qui lui confèrent une dimension un peu plus subtile et un peu plus ample. Nous avons ainsi même droit à quelques incursions dans un univers plus Thrash comme c’est le cas avec "Rude Awakening", alors que "Neither Man Nor Woman" et ses belles parties de batterie, présente une facette plus groovy du groupe. Cet effort de diversification, lié à la faible durée de l’album, a un effet très positif : l’album s’écoute aisément, sans susciter la moindre lassitude ou sensation de redite chez l’auditeur. Ce sentiment est renforcé par une production de très bon niveau qui dote Dwail d’un son puissant et clair. La participation de Logan Mader (ex Machine Head, Soulfly, Medication) au mixage est d’ailleurs largement mise en avant dans la communication du groupe.
Au final, la musique de Dwail parvient à combiner de manière assez heureuse la puissance de son Hardcore avec des velléités d’ouverture et d’oxygénation de son travail qui rendent celui-ci plus charmeur et plus accrocheur. S’il n’est pas certain que cela soit suffisant pour permette de convaincre un public plus large de s’intéresser à ce style musical, l’équilibre trouvé par le groupe doit pour le moins faire mouche auprès des aficionados du genre qui prendront certainement plaisir à l’écoute de ce premier disque.