Certainement moins culte que la rondelle unissant au même moment Asphyx et Hooded Menace (il parait impossible de l'être de toute façon), cette éphémère alliance entre Lord Vicar et Funeral Circle était néanmoins attendue comme un petit Graal par tous les fidèles de la chapelle "true" Doom et ce, alors même que sa (trop) courte durée ne dépassant que de peu la vingtaine de minutes, est forcément source d'une légère frustration (le split nommé plus haut se limite à un simple 45 tours, alors...). Frustration ceci dit, bien vite balayée par l'orgasme que l'amateur ne pourra que ressentir à l'écoute de ce cet hydre à deux têtes qui tient toutes les promesses fantasmées à l'énoncé des noms en présence.
Si Funeral Circle n'en est qu'au stade du jeune pousse au potentiel évident que deux démos et un Ep ont commencé sérieusement à déflorer et qui se déleste de deux pistes efficaces dont une reprise de Wicthfinder General ("Burning A Sinner"), c'est surtout vers Lord Vicar que toutes les oreilles se braquent. Forcément. Ceux qui ont été touchés par la Sainte parole assenée par feu Reverend Bizarre savent qu'il s'agit d'un des deux projets (le second étant Orne dans une veine Dark-Prog tout à fait recommandable) de son ancien guitariste, Peter Inverted.
Du lourd donc. Du culte également avec cette unique composition de plus de treize minutes au garrot. Accompagné, excusez du peu, par l'ancien batteur de Centurions Ghost et surtout l'ex chanteur de Count Raven et Saint Vitus, Christian Lindersson - c'est dire que l'on a ici affaire à des puristes du genre -, le barbu, fidèle à sa vision orthodoxe du Doom, y usine une musique selon son coeur, à la fois ultra heavy, engourdie par une fatalité écrasante et intègre. Comme son défunt aîné, dont il a un peu fait sien le foisonnant héritage, Lord Vicar pratique un Doom ancestral, débarrassé de toutes scories inutiles, de sédiments accessoires. Pas de claviers ici, ni de voix féminines ampoulés mais du riff aussi minéral que graisseux, du chant aux forts accents sabbathiens (comprendre "façon Ozzy "), de la basse toute en rondeur et une batterie dans son plus simple appareil mais ancrant le tout dans la roche froide d'une église flagellée par les assauts du vent. De part sa construction qu'illumine une (relative) accélération dans sa seconde partie, "The Fear Of Being Crushing" porte dans sa chair(e) ce sens de l'écriture typique du guitariste hippie.
Ceux - nombreux - qui ne se sont jamais remis de la disparition de son port d'attache, ne peuvent que s'en réjouir. Plus intéressant que celui qu'il a partagé il y a quelques mois avec Griftegard, excellente formation au demeurant, ce split doit donc beaucoup, et bien que sa face B se révèle des plus sympathiques, à la contribution des Finlandais et pas seulement parce qu'elle en représente près des deux tiers. Elle nous permettra en outre de patienter jusqu'au second véritable album qui, on l'espère ne tardera plus trop...