A peine un an après leur entrée remarquée dans le monde progressif, les britanniques de Mars Hollow, cette fois couvés par l'ex-Yes Billy Sherwood, responsable de la production, nous reviennent avec leur nouvel album, World In Front Of Me dont le moins que l'on puisse dire est qu'il était plutôt attendu. Après ces quelques civilités, il convient de terminer les présentations en soulignant que le style Mars Hollow, c'est du progressif pur jus, mélangeant avec bonheur complexité apte à ravir les "progueux" les plus absolus, et parties plus abordables à même d'attirer le chaland vers une musique qui parle aux neurones.
Et dès Walk On Alone, les différents ingrédients attendus sur la recette vont se retrouver mélangés avec bonheur : un chœur "yessien" pour débuter, une sarabande instrumentale tout aussi "yessienne" au cours de laquelle le trio infernal clavier / basse / batterie tire ses premières cartouches … en moins d'une minute, le décor impressionnant de maîtrise technique est planté. Ne reste plus qu'au chanteur à nous rapprocher de contrées plus accessibles pour les oreilles des béotiens, ce qui est réalisé une grosse minute plus tard. Ensuite ? Reprenez la recette tout du long des 12'30 de ce premier épic en y ajoutant par exemple un peu de jazz-rock et, malgré un petit passage à vide médian, vous tenez là une première "master-piece".
A l'autre bout de la galette, même recette pour le morceau titre, World In Front Of Me, mais exécutée avec encore plus de talent, et une capacité à écrire des séquences musicales intenses en émotions, à la manière d'un Sean Filkins. Onze minutes au cours desquelles les enchaînements de thèmes, les variations de tonalité et les ruptures rythmiques vous entraîneront dans un monde enchanteur.
Et entre ces deux morceaux de bravoure, Mars Hollow ne se contente pas de faire du remplissage et démontre qu'il est tout aussi capable de s'exprimer par le biais de courtes pièces réussies. Nous trouverons par exemple un single en puissance, What Have I Done, véritable pépite qui s'incruste dans la mémoire dès la première écoute, mais aussi à l'autre bout du spectre musical un interlude pianistique classique (Prelude) où Steve Mauk nous fait étalage de tout son talent !
Chose plutôt inédite de nos jours, les guitares sont plutôt discrètes au sein de Mars Hollow, prises en tenaille entre la basse à la Chris Squire et des claviers tour à tour seventies ou néo. Cela n'empêche pas John Baker de se fendre de temps en temps de quels soli remarquables, mais sans jamais s'accaparer l'avant-scène.
Après une première publication qui fut encensée, il n'est jamais évident de confirmer, et encore plus dans un délai aussi cours. Mars Hollow passe l'épreuve avec succès, augurant de publications futures alléchantes. Gageons que le public leur en sera on ne peut plus reconnaissant. C'est tout le mal que nous puissions leur souhaiter !