En 1980, un an après "Silent Cries… ", Eloy reprend le chemin des studios avec un nouveau changement de personnel (seul Klaus-Peter Matziol est resté fidèle à son leader). Le duo intègre Hannes Folberth aux claviers, Hannes Arkona aux guitares et Jim McGillivray à la batterie. Ce sera le début d’une relative stabilité qui se prolongera durant 3 ans.
Sûrement lassé de pondre des concepts albums, Franck Bornemann rompt cette habitude et propose un opus de 8 titres plus pêchus puisque moins propices aux longs soli de guitares. Cependant, l’univers d’Eloy est toujours présent avec l'arrivée du nouveau clavier (certainement le meilleur qu’Eloy ait pu avoir à ce poste) et les différentes sonorités que celui-ci a apporté.
L’introductif instrumental "Horizons" est à rapprocher de ceux qu’offrait Alan Parsons Project au sein de "Pyramid" avec ce rythme obnubilant et les voix féminines en choeur. Celui de clôture, "Sunset", est à l’opposé, calme et cristallin, avec un duo claviers/guitares 12 cordes. Les solis de guitare sont donc moins nombreux qu’à l’accoutumé mais plutôt lovés au sein de pépites comme "Giant" ou "Silhouette". Sur ce dernier titre l’introduction très calme laisse ensuite débouler une basse ahurissante qui va s'accoupler à la guitare pour un final tout en puissance.
C’est dans le final d’"Illuminations" que Hannes Folberth fait hurler ses claviers dans un solo décapant et technique mais c’est aussi sur "Giant" qu’il forme un duo performant avec la basse. Les sons utilisés sont variés et tout particulièrement sur "Child Migration". La basse de KPM est toujours aussi ronflante martelant de ses accords le rythme de "Giant". Cet homme est réellement un ambassadeur de choix pour cet instrument avec une présence qui ne faiblit pas tout au long du disque.
La version remastérisée de 2005 apporte, outre un son plus direct, 2 titres supplémentaires "Wings Of Vision" ainsi que la version edit de "Silhouette" déjà tous deux présents sur "Rarities"... Des morceaux pas forcément indispensables mais réjouissants.
"Colours" est donc un très bon album d’Eloy, cassant avec les habituels concept-albums qu’il nous servait depuis 1975. Un pari risqué certes, mais réussi au regard de la densité musicale servie sur cette galette. Le groupe semble enfin soudé et possède un line-up idéal. Cette bonne santé sera d'ailleurs confirmée l’année suivante avec "Planets".