Un an après "Colours" paraît "Planets" confirmant la régularité métronomique de sortie des albums d’Eloy. "Planets" est la première partie d’un concept dont la suite sortira un an plus tard ("Time To Turn"). La maison de disques ayant refusé de faire un double album, Franck Bornemann fit mûrir la suite durant 12 mois. Le line-up n’a pas changé d’un iota et cela se sent, les musiciens semblent en totale harmonie et font de ce "Planets" un bloc compact et vierge de ces petites erreurs que l'on pouvait retrouver dans "Colours".
C’est donc l’histoire d’une planète grise, Salta, qui se trouve dans le système solaire de Hel. Sur cette planète vivent les Irakeens, l’évolution ultime de la race humaine. "Planets" raconte l’arrivée du roi Kronos qui va pousser les Irakeens à développer des énergies destructices transformant Salta en une planète de désolation.
Les huit titres de l’album sont pratiquement tous enchaînés affirmant l'image de concept-album qu'a cet opus. L’évolution porte principalement sur une orchestration très réussie ("Queen Of The Night", "At The Gates Of Dawn", "Carried By Cosmic Winds") et l’utilisation de chœurs féminins ("Queen Of The Night", "Carried By Cosmic Winds").
Hannes Folbert prouve une fois de plus qu’il est l’homme de la situation. Son omniprésence remplit l'album de ses sons, souvent en couches multiples. Son accord parfait avec la basse rejaillit sur "Sphinx" et son rythme syncopé sur "On The Verge Of Darkening Lights". La base rythmique est d’une propreté sans défaut, Jim McGillivray oscillant entre douceur et puissance. Bien sûr, ce n’est pas un maître incontesté mais il s’en sort de fort belle manière (pour mémoire il est issu du monde du hard-rock) alors que la basse de KPM inonde une fois de plus le spectre des graves.
Si par rapport à "Colours" la prise de risque semble mineure, le groupe de Bornemann a tout de même modernisé son propos et y a remis un peu de son space-prog qui le hante depuis ses débuts. La mayonnaise prend aisément pour le bonheur de nos oreilles et fait de ce "Planets" un des disques incontournable de la discographie du groupe. La suite sera malheureusement un léger cran en dessous et marquera la fin d’une période faste pour Eloy.