Annoncé comme la 2ème partie d’un album concept, "Time To Turn" surprend l’auditeur qui pouvait s’attendre à jouir de la grandiloquence aperçue avec "Planets". En effet, si suite il y a (elle était en tout cas annoncée comme telle), elle ne retrouve pas le niveau de son prédécesseur.
Coté line-up Fritz Randow est de retour 3 ans après avoir quitté le navire et remplace derrière les fûts Jim Mc Gillivray qui aura au final fait un travail correct. C'est le seul changement pour une formation qui donne enfin dans la stabilité.
Coté musique, les sept compositions quittent de plus en plus le chemin des développements torturés pour muscler encore un peu plus le propos à l’exception de "End Of An Odyssey" - et de son introduction obnubilante à la batterie - qui du haut de ses neuf minutes rappelle à l’auditeur qu’Eloy est avant tout un groupe fait pour les longues compositions. "The Flash" vaut notamment pour son solo de claviers qui prouve que Hannes Folberth est le maître de cet instrument au sein d'Eloy. "Say, Is It Really True" sera la première réelle ballade d'Eloy portée en grande partie par des nappes de claviers et une guitare accoustique.
Si la durée plus ramassée des autres titres ne rime pas forcément avec médiocrité (d’autant plus que les mélodies sont plutôt réussies), ce qui provoque ce désagréable sentiment de déception est sans doute la perte de cette splendeur progressive qui faisait l’aura du groupe depuis "Power and The Passion". En outre, Franck Bornemann force un peu sa voix, élément parfois difficile à supporter ("Magic Mirrors") car le mix ne réussit pas à masquer cette faiblesse. Une constante pourtant : l’utilisation des voix féminines en chœur, notamment sur le titre éponyme, qui va vraiment devenir la marque de fabrique du groupe de l’homme au béret.
"Time To Turn" n’est donc pas un mauvais album et il serait même malvenu de ne pas l’avoir dans sa discothèque. Cependant le space-prog flamboyant des allemands a fondu comme neige au soleil ce qui lui fera d'ailleurs perdre une partie de son auditorat. C'est la fin d’une (belle) époque...