Bien connue dans la scène métallique internationale depuis le milieu des années 90, Sarah Jezebel Deva s'est décidé courant 2009 à lancer sa propre carrière solo après avoir été ou chanteuse invitée ou choriste de luxe pour un grand nombre de groupes. Le plus connu restant Cradle Of Filth qu'elle a accompagné sur pratiquement tous ses albums depuis sa création. Si on y ajoute Therion, The Kovenant ou encore Mortiis, on se rend compte que la chanteuse anglaise a déjà un joli C.V. à son actif. Mais elle a choisi malgré tout de quitter ce confort pour se lancer dans une aventure bien plus périlleuse, à savoir exister par elle-même en composant sa propre musique. Avec "The Corruption Of Mercy", elle nous propose son deuxième album après "A Sign Of Sublime" qui n'avait guère convaincu, la demoiselle et son groupe piochant dans toutes leurs influences pour proposer un métal gothique à tendances symphoniques bien banal et sans surprises.
Sans perdre de temps, le groupe relance la machine et n'a guère le droit à l'erreur, le nom de Deva ne les protégera pas éternellement d'une chute dans les bas-fonds du genre en cas de nouvelle déception. Musicalement le groupe garde sa ligne directrice, se plaçant dans la droite lignée de son prédécesseur avec ici et là quelques touches de black mélodique et des passages plus pop par la grâce de la voix de Sarah. Le résultat donne un disque un poil au-dessus de "A Sign Of Sublime" mais sans toutefois réussir à passionner tout au long des 10 pistes qu'il comporte. Sarah reste une vocaliste de tout premier plan mais ses compositions personnelles manquent de folie et d'originalité, et si le disque commence assez bien, il s'enlise petit à petit avec des courts titres passables et une reprise ratée en plein milieu d'album.
"No Paragon Of Virtue" et "The World Won't Hold Your Hand" se présentent comme de très bonnes chansons de heavy gothique à tendances black, à la fois puissantes et mélodiques, Sarah gardant toujours ce timbre clair et accrocheur. Il n’en va pas de même pour une suite bien moins intéressante, d'abord avec "A Matter Of Convenience" et "Silence Please" qui enchainent immédiatement dans un même moule gothique black mélodique mais avec une touche d'efficacité en moins. Puis à partir de "Zombie", reprise des Cranberries, tout se gâte. La reprise est quelconque, manquant vocalement de la puissance originale. Ensuite avec "Pretty With Effects", "What Lies Before You" et "Sirens", nous avons affaire à de très courts titres sans réels fils conducteurs, comme s'ils étaient en partie terminés, et malgré des ambiances assez jolies l'ennui s'installe rapidement.
Le niveau remonte un peu en fin d'album mais le cœur n'y est pas vraiment, avec deux titres fort classiques dans les canons du métal gothique, sans trop d'âme, seul restant de qualité le chant de Sarah, toujours aussi doux et chaleureux. Le bilan reste malgré tout assez faible pour ce deuxième opus en solo. Il est clair que sans compositeurs solides, Sarah Jezebel Deva ne semble pas avoir les moyens d'atteindre le niveau des formations auxquelles elle a collaboré. Et la question se pose cruellement, Sarah a-t-elle le niveau pour évoluer en solo ?