"Souvenez-vous…" (pour citer notre Michel Drucker national), c'était en 2006 et Black Stone Cherry sortait son premier album, éponyme de surcroit, et le monde du Rock prenait alors une petite claque de la part de ces jeunes américains. Depuis, le groupe n'a cessé de prendre de l'ampleur, de tourner et d'asseoir sa crédibilité avec "Folklore And Superstition" en 2008. Dire qu'ils étaient attendus au tournant avec cette nouvelle offrande est un doux euphémisme.
Produit par Howard Benson (Motörhead, Sepultura…) et à l'artwork laissant présager du sombre, l'album démarre sous les meilleurs auspices avec un "White Trash Millionaire" direct et délicieusement crade. La voix inimitable de Chris Robertson se veut toujours aussi râpeuse et travaillée au Destop, sur un riff qui siérait comme un gant au Black Label Society. La production est colossale et le hit fera malheur en concert. "Killing Floor" enchaine avec la même énergie sur ce bon vieil Hard Rock Sudiste aux relents de bayou. Et puis arrive "In My Blood". Ca sent d'entrée de jeu notre bon vieux Lynyrd Skynyrd, et même si le titre est plaisant, l'auditeur sourcille sur la fin : "Y'a un truc qui cloche", nous sommes tombés trop vite trop loin de l'ambiance de départ.
Et malheureusement, la suite ne nous remettra pas sur les rails."Won't Let Go", "I Like Roll" et "Can't You See" (parmi d'autres) sont très convenus et il est très facile de décrocher avant la fin. On pense parfois aux titres les plus faiblards et guimauves d'un Mike Tramp époque "More To Life Than This" (avec le gros son en plus) ou les plus consensuels de Nickelback. Et que dire du "Die For You" final plus que niais dans ses propos. Premier degré manqué ou second degré raté ? "All I'm Dreamin' Of", ballade sudiste et acoustique très Skynyrd sonne plutôt bien (dans la veine de l'album précédent) mais au milieu de ces fadaises ne fait presque plus envie.
Alors bien sûr, l'impression n'est pas si radicale et l'album se voit ponctué de quelques titres qui au milieu de tout cela prennent des allures de pépites, comme "Change", plus dynamique et honnête, "Such A Shame", ou l'excellent "Blame It On The Boom Boom" et ses chœurs addictifs (en écoute ici), mais la majorité semble, et c'est ce que vous lirez souvent à propos de "Between The Devil And The Deep Blue See", calibrée pour les radios US et surtout trop légère… Rien ne tient au corps malgré l'impression de contenu.
Voilà ! Nous sommes bel et bien dans une histoire de contenant et contenu. Et si le premier est bien palpable, l'autre l'est peu. Un déséquilibre qui fait sonner creux en somme. Dommage ! Même si les concerts de Black Stone Cherry restent toujours un plaisir, les fans attendront de pied ferme la prochaine production sur laquelle, nous l'espérons, le groupe retrouvera tout le mordant qui a fait sa rapide renommée.