Alors que d’ordinaire les groupes de metal à chanteuse norvégiens se distinguent du tout venant par une mélancolie minérale imprimée dans leur chair, que l’on songe à Octavia Sperati ou à Skumring, ce n’est pas vraiment le cas de Fastlane Flower qui, du coup, pourrait très bien venir de n'importe où. Dans ce manque d'identité réside le principal défaut d’une jeune formation dont le chant masculin accessoire (franchement inutile sur "State Of Emergency", titre réussi au demeurant) vient également compléter de menues faiblesses que le temps et l’expérience sauront sans aucun doute gommer.
Car pour le reste, les Norvégiens font déjà preuve d’une jolie inspiration dans un créneau, le Gothic atmospérique, pourtant aussi encombré que le périphérique parisien à l’heure de pointe (ou pas). Cette petite gageure, ils la doivent à plusieurs qualités. Déjà, à la voix tour à tour fragile, acidulée, opératique ("Wisteria Lane Concept") ou plus vicieuse ("Secret Archive" où elle rejoint Maria Brink dans un registre Metalcore étonnant) de Eline Stølan, véritable clé de voûte sur lequel repose tout l’édifice. Parfois chargée d’émotions ("Blue Moon") et vierge de toute trace de vulgarité, celle-ci est à des années-lumière de toutes ces Cast(r)afiore du dimanche polluant par trop un genre fatigué. Séduisantes, ses lignes vocales sont pour beaucoup dans le petit charme que distille Deadline, premier album des plus prometteurs.
D’autre part, Fastlane Flower fait montre d’un certain talent d’écriture mélodique dont témoigne cette collection de morceaux efficaces, aux motifs souvent imparables et émaillés de quelques soli bien sentis, comme sur "Before I’m Gone" notamment, moulinés par de solides guitaristes. A l’actif de ce galop d’essai, citons "At The Rainbows End", longue respiration atmosphérique qui ferme la marche, "Agent Of Chaos", dont les aplats relativement lourds sont cependant grevés par des claviers (trop) gentillets ou bien encore "Monkey Business".
Alors bien entendu, il serait exagéré d’affirmer que Fastlane Flower réussira à nous réconcilier totalement avec le Gothic Metal à chanteuse faisandé mais il lui apporte sinon du nouveau au moins un peu d’une fraîcheur bienvenue. C'est toujours ça de pris...