Trois ans après un "Sign Of The Hammer" marquant un peu le pas, les guerriers du métal sont de retour, prêts à en découdre comme l’annonce une pochette sur laquelle Ken Kelly auto-parodie sa propre œuvre utilisée sur le "Destroyer" de Kiss, pour mettre en valeur la musculature des chaque membre du quatuor prêt à combattre le monde ! Pour cela, l’armée de Joey Demaïo a étoffé son armada en proposant le premier album de métal entièrement enregistré et mixé en numérique. Voilà qui en dit long quant aux intentions du quatuor de franchir un nouveau cap dans sa conquête des foules métalliques.
Du clip-vidéo destiné à la heavy-rotation de MTV ("Blow Your Speakers") aux samples guerriers de "Violence And Bloodshed" déversant explosions, sirènes, mitraille et hélicoptères d’une enceinte à l’autre, en passant par une nouvelle apparition d’Orson Wells (déjà présent sur le "Dark Avenger" de "Battle Hymns") sur le mid-tempo heavy et théâtrale "Defender", ou les intermèdes "Holy War" et "Master Of Revenge", tous les moyens sont là pour faire de ce "Fighting The World" l’album incontournable pour tous les amateurs de True Heavy Metal. Et il est vrai qu’il est difficile de résister aux refrains fédérateurs ("Carry On"), au charisme d’un Eric Adams montant dans les aigus les plus improbables avec une aisance déconcertante, aux soli supersoniques d’un Ross qui ne s’appelle pas The Boss pour rien, et aux cavalcades du forgeron Columbus.
Mais si tous ces éléments étoffent la musique de Manowar, ils ont également tendance à laisser deviner quelques objectifs commerciaux derrière ce déballage de gros moyens. Le son est moins cru que sur les 4 premiers opus des Américains et il y perd un peu en authenticité, d’autant que certains titres ont tendance à s’essouffler et à finir sur une répétition sans fin du refrain. Heureusement, le côté guerrier de ces derniers fait passer la pilule grâce à la transe qu’ils déclenchent, et l’on se surprend à gonfler ses muscles sur la plupart des titres pour se montrer dignes des armées levées par les 4 adeptes du body-building.
Car après-tout, il est là le charme de Manowar : se laisser entrainer par Demaïo dans son délire hyper viril et marcher au rythme des hymnes que l’orgueilleux bassiste déverse sur cet album. Prendre ce "Fighting The World" au premier degré, comme d’ailleurs le reste de la discographie de Manowar, c’est faire face à un monument d’un ridicule à pleurer, alors qu’en se laissant emporter par ces riffs puissants et ambiances guerrières et fédératrices, c’est une poussé de testostérone qui vient nous regonfler le moral et nous redonner confiance à chaque fois que l’on reprend un de ces refrains immédiat et accrocheur. L’armée Manowar continue donc son évolution et "Fighting The World" se révèle une nouvelle arme imparable dans sa lutte contre le false metal !