Depuis peu officiellement en retraite, Running Wild fait partie de ces grands noms de la scène heavy-speed-mélodique allemande qui a vu le jour au début des années 80. Avec Grave Digger, Blind Guardian, Helloween, suivant le grand frère Accept, le groupe s'est rapidement imposé comme un des fers de lance de la scène speed-métal européenne. Le groupe s'est formé sous ce nom en 1979 par la volonté du guitariste Rolf Kasparek, plus connu sous le pseudonyme de Rock'n'Rolf. L'homme qui va mener son groupe d'une main de fer (il sera vite le seul membre restant d'origine) propose sa première démo en 1981 ("Rock From Hell"), puis le groupe apparait dans diverses compilations dont la plus célèbre "Death Métal" en 1984 partagé avec Helloween entre-autres. C'est donc avec une belle réputation que le label Noise Records, alors principal artisan de cette nouvelle scène, fait paraitre le 1er album de Running Wild, "Gates To Purgatory", en cette même année 1984.
Ce premier opus à la production très basique et un poil datée, présente une formation de speed-heavy-métal qui va droit au but, présentant 8 titres pour 32 minutes. De par son logo, son imagerie et ses chansons, Running Wild est à cette époque vu comme un groupe flirtant avec le satanisme et l'anarchie dans la lignée musicale et visuelle d'un Venom, alors un des groupes les plus en vues. Le résultat, même si encore très primaire, est de qualité. On sent qu'un futur gros groupe est en train de voir le jour. Les chansons montrent un speed métal de bonne qualité avec pas mal de riffs très efficaces comme sur "Black Demon" et "Victims Of States Power". L'ami Rock'n'Rolf a déjà son timbre de voix si particulier, tirant dans les aigus mais déjà avec ce talent de conteur qui fera tout son charme par la suite.
Le tout reste assez brut de décoffrage. "Soldiers Of Hell" fait un peu sourire avec ses paroles naïves et son refrain basique, mais tout comme "Diabolic Force" ou "Adrian S.O.S.", ces titres font mouches. La fraicheur et l'envie du groupe transpirent à chaque riff ou paroles et finalement, c'est tout une scène et son époque qui transparaissent. De plus, Running Wild signe avec "Prisoner Of Our Time" un premier véritable hymne métallique avec son chant entrainant et son refrain énorme taillé pour la scène, véritable étendard pour toute une génération.
Ce premier jet est donc un bon cru malgré ses erreurs de jeunesse. Running Wild se place d'entrée comme un loup aux dents longues pour la scène speed-métal, et vu son potentiel, il ne fait guère de doutes que le loup fera pas mal de victimes consentantes.