Derrière Quiet Rebellion, et son nom légèrement paradoxal, se cache notamment un homme Shaun T Hunter, un projet artistique ainsi qu’une liberté d’expression et de diffusion de ses œuvres. Emergeant de l’ombre dans les années 90, Shaun poursuit dix ans plus tard une carrière avec comme seuls compagnons de studio un triumvirat guitare-basse-percussions. Naissent de ce travail en solitaire plusieurs réalisations sorties sous son véritable nom et par deux fois sous l’enseigne Quiet Rebellion.
Il est déjà ardu de s’engager seul dans une rébellion, mais s’exprimer dans le calme relève du véritable défi. C’est pourtant celui que s’est lancé ce multi-instrumentiste originaire de Leeds dopé aux rêveries de Sigur Rós et aux petites féeries pas si loin de DM Stith. Seize décoctions formant, telle une pluie réconfortante, une mer de tranquillité, uniforme, sans vague ni gros vent. C’est un fil soyeux, fragile et sans aspérité.
De sa voix tranquille, parfois accompagné de chœurs fantomatiques, le Britannique semble plutôt y aller de son appel au calme plutôt qu’à la mobilisation par la violence. Armé d’une guitare sèche alanguie, d’une basse ronde et de percussions discrètes, il avance à pas de chat dans un décor acoustique presque immuable. Car hormis quelques petites escales en terres étrangères ("Marriage Of Convention" et son rythme aux airs latino par exemple), les territoires empruntés par le monsieur paraissent très arables mais par trop rabâchés, d’autant que la longueur de "Still Talking Scribble" (70 minutes) ne va pas contre cette impression. Peut-être qu’il s’agit du seul reproche à formuler à son égard, mais il est tenace et gâte par la même un fruit déjà trop imposant.
Voilà une création sans prétention qui s’apprécie en prenant son temps, qui s’écoute peut-être plus pour ses textes que pour le lyrisme de sa musique conductrice. Un joli rêve mais qui s’oubliera probablement trop vite au réveil.