Bien que son nom évoquera – peut-être – chez certain un album de Badlands, ce n’est pourtant pas vers l’éphémère groupe de Ray Gillen et Jake E. Lee que Voodoo Highway dirige sa boussole mais plutôt vers Deep Purple et en particulier son ancien et ombrageux guitariste, Ritchie Blackmore, bien évidemment ! Comment ne pas songer à lui en écoutant le jeu de Matteo Bizarri ("Till It Bleeds" et "J.C. Superfuck"), la similitude étant flagrante pour ne pas dire même embarrassante tant l’Italien se (com)plait à rendre une photocopie de son maître spirituel.
On en connaît d’autres (Yngwie Malmsteen, forcément) et reconnaissons que l’exercice, pour peu que l’on soit fan du ténébreux homme en noir, se révèle sympathique et accrocheur, d’autant plus que le groupe ne se contente pas de s’abreuver au seul Blackmore, comme l’illustrent les notes d’orgue Hammond que l’on croirait presque échappées de Jon Lord ("Window"). De fait, Broken Uncle’s Inn devrait faire son trou sans trop de difficulté chez les amateurs de Hard Rock gorgé de Seventies.
Les chansons s’avèrent plutôt bien fichues bien qu’elles manquent d’une main ferme pour les diriger, celle justement d’un Blackmore dont il ne suffit pas de singer les riffs flamboyants et dégoulinant de feeling pour restaurer l’éclat des couleurs pourpre ou arc-en-ciel. Car le Britannique n’est pas seulement un grand musicien, il est aussi un compositeur hors-pair doté d’une vision de son art exceptionnelle. Or, c’est un peu ce qui manque (encore) à Voodoo Highway qui a oublié qu’une photocopie, aussi réussie soit-elle, ne sera jamais aussi parfaite que l’œuvre originale. Ainsi, jamais Ritchie n’aurait plaqué une partie orchestrale comme le font les Italiens au beau milieu du titre éponyme, laquelle tombe comme un cheveux sur la soupe.
Bien entendu, Broken Uncle’s Inn n’est que le galop d’essai d’une formation encore en gestation à laquelle on pardonnera évidemment les maladresses dont elle a jonché le menu, toutefois Voodoo Highway n’est pas – et ne sera jamais – Voodoo Circle, autre vassal de l’homme en noir qui lui, sait faire sienne l’influence écrasante de l’ancêtre pour accoucher d’une musique qui existe par elle-même et s’affranchit du simple hommage et ce, bien que Alex Beyrodt, son guitariste, soit lui aussi tombé dans la marmite purplienne lorsqu’il était petit. Et ne parlons même pas du pronostic qui ne veut rien dire, lâché par Craig Gruber, ancien bassiste de Rainbow le temps du premier album, qui voit dans ce jeune groupe ni plus ni moins que le nouveau Deep Purple !
Bref, des influences, tout le monde en a, même les plus grands, ce n’est pas le problème mais tout dépend de la manière dont on parvient à les transcender (ou non). Pâtissant d’un chant peu charismatique et d’une écriture un peu trop lâche par moment, Voodoo Highway peine encore à dépasser le premier degré et Broken Uncle’s Inn celui du petit album, plaisant et dynamique certes mais inégal et approximatif. Toutefois, les musiciens qui se réclament de Ritchie Blackmore étant toujours les bienvenus, ne boudons (pas trop) notre plaisir face à cet opus bouillonnant qui, maladroit comme une première fois, a les défauts de la jeunesse. Gageons que l’expérience aidant, le groupe les corrigera et saura gagner en personnalité.