"Blazon Stone" avait marqué le pas après cinq disques en constante progression. En ne perdant pas de temps à composer "Pile Of Skulls", son 7ème album Running Wild et Rolf Kasparek en tête (notre homme compose désormais la quasi-totalité des chansons) semblent avoir compris qu'il ne fallait pas se faire oublier et tenter de vite relever la tête. En effet, la période est à présent très défavorable au métal mélodique pratiqué par le groupe. Les médias boudent franchement le genre au profit de l'alternatif et du death-metal. Mais cela n'arrête pas Running Wild qui va rester fidèle à sa ligne de conduite musicale, tel un AC/DC du heavy-métal.
"Pile Of Skulls" nous montre donc une formation qui a oublié son coup de mou et qui relance sa machine de belle manière. Un peu comme si la récente compilation avait permis à Running Wild de faire le plein de bonnes sensations et de repartir de l'avant. Entre temps, et comme à son habitude, notre homme a remplacé la section rythmique, dont le fidèle bassiste Jens Becker, de ce qui devient petit à petit un projet solo. Et ce nouvel album est clairement une réussite, faisant oublier son prédécesseur et rassurant les fans du groupe. Running Wild dispose d'un son énorme, claire et puissant, et continue de mettre l'accent sur l'aspect heavy plus que sur le côté speed. Mais cette fois, les compositions tiennent parfaitement la route en retrouvant cet aspect imparable comme dans les années 80.
On retrouve ainsi nombre de grands titres épiques aux allures d'hymnes en puissance, heavy à souhait, avec toujours ce souci de la mélodie qui marque et du riff qui fait mouche. Il n'y a pas d'hymne aussi marquants qu'un "Under Jolly Roger" ou qu'un "Port Royal", mais il y a du grand titre en pagaille, sans faiblesses ni temps mort, avec une belle homogénéité. Ainsi, de "Whirlwind" à "Sinister Eyes", en passant par "Black Wings Of Death" et "Fistful Of Dynamite", le combo nous propose tout d'abord un terrible quatuor épique et puissant avec des refrains énormes, un rythme imparable, un Rolf parfaitement en voix et des mélodies parfaitement trouvées.
La deuxième partie du disque n'est pas en reste et nous propose son lot de très bonnes chansons. Il y a l'épique et rapide "Pile Of Skulls" avec ses chœurs, le single "Lead Or Gold", parfait hymne scénique taillé pour être repris en chœur par le public et typique du style Running Wild. Et aussi et surtout, le groupe soigne sa fin de disque avec deux grands titres en hommage à la piraterie. D'abord avec "Jenning's Revenge" qui conte les exploits d'Henry Jennings sur un rythme endiablée, et enfin "Treasure Island", tiré du livre du même nom, sur plus de 11 minutes, on découvre un formidable titre avec chœurs, refrain énorme, riffs heavy, interludes épiques, soli à foison, le tout retraçant à merveille l'histoire de l'île au trésor.
"Pile Of Skulls" est donc un album de tout premier ordre pour un Running Wild qui relève superbement la tête. Hors des modes fugaces et fidèle à son style et son public, le groupe continue son petit bonhomme de chemin. Certes, le succès n'est plus tout à fait le même mais Running Wild reste une valeur refuge du genre, à l'instar d'un Gamma Ray ou d'un Blind Guardian.