Sans faillir et sans se préoccuper d'une mode métallique qui l'a mis de côté depuis quelques années, Running Wild revient avec son déjà 8ème album studio en début d'année 1994. En pleine vague grunge et alternative, les héros de l'aventure et de la piraterie, revigorés par un formidable "Pile Of Skulls", proposent avec "Black Hand Inn" leur premier véritable concept album. Ils se permettent même de sortir un single, chose devenue rare dans le genre, "The Privateer" avec un titre de l'album et deux inédits. Le tout s'articule encore une fois autour d'un tout nouveau line-up avec Jörg Michael (Rage, Stratovarius) à la batterie.
Pour ce concept album, Rolf Kasparek se place dans la peau d'un pirate, John Xenir, condamnée à mort puis ressuscité, le tout dans le contexte d'une taverne maudite et de la résistance aux forces du mal. Devant ce fort ambitieux disque, il est permit de se demander si le groupe va confirmer sa belle santé artistique. La réponse est largement positive car il garde son ton heavy métal classique avec des aspects très rentre-dedans, la frappe de bucheron de Jörg Michael contribuant largement à cet effet. Mais malgré cet aspect limite power métal, Running Wild ne perd en rien de sa personnalité. Les hymnes épiques sont au rendez-vous, parfaitement entourés de pas mal de bons titres. Et même si certains ces derniers sont parfois un petit peu en-dessous de ceux de "Pile Of Skulls", Kasparek et sa bande ont quand même toujours le sens du riff et de la mélodie qui fait mouche. Tout ceci nous donne donc un fort solide album à placer lui aussi dans le panthéon des meilleurs du groupe. Déjà, avec l'intro "The Curse" suivi de "Black Hand Inn", on pénètre parfaitement dans l'histoire avec un sombre dialogue puis avec un nouveau très bon titre très rapide et mélodique, idéal pour lancer un concert. Il y a ensuite "The Phantom Of Black Hand Ill" qui lui répond à merveille, un peu plus loin dans le disque, avec son ton épique et puissant, ses superbes soli aux mélodies fortes, et son refrain imparable.
Parmi les autres titres, nous retiendrons "The Privateer" et "Powder & Iron", deux redoutables machines de guerre heavy-métal qui ne laissent guère de répits. La première est un parfait single, accrocheur en diable, tandis que la seconde est une tuerie au refrain énorme qui a tout pour faire des ravages en concert. Enfin, et après s'être remis de "Dragonmen" à "Freewind Rider" ou "Soulless" qui ne laissent pas le temps de s'ennuyer ni de souffler, il y a "Genesis (The Making And The Fall Of Man), énorme pièce de plus de 15 minutes. Et là, Rolf se fait plaisir avec cette majestueuse chanson à tiroirs avec des passages heavy, épiques, tout en retenues, chœurs et passages parlés, et soli dans tout les sens. Le tout bouclant à merveille l'histoire racontée dans l'album.
Avec "Black Hand Inn", Running Wild parvient encore à signer un classique de sa discographie. Pour le moment, les années qui passent ne semblent pas affaiblir la formidable inspiration de Rolf Kasparek de même que sa tenace fidélité au heavy métal à l'allemande. Il faut souhaiter que cela dure encore longtemps.