Est-ce parce qu'il a depuis rejoint ses anciens potes de Eldrit et Död au sein de Svarti Loghin, en tant que musicien de sessions seulement, mais la musique que Nekrofucker (aka Jon Bäcklund pour l'Etat civil) bricole tout seul dans son coin avec son Srodek à lui, a de fait pas mal évolué, tendant de plus en plus vers un Black Metal atmosphérique plus nuancé. Le Satanisme et les corpse-paints à la Darkthrone époque Transilvanian Hunger, de mise sur En Hälsning Till Döden, ont laissé la place à une approche plus forestière bien que toujours imprégnée d'une mélancolie hivernale.
Au substrat habituel, composé d'un chant écorché lointain et de guitares polluées et corrosives, le Suédois greffe avec Förfall des motifs plus délicats et presque psyché à l'instar donc de Svarti Loghin auquel on pense beaucoup, du visuel boisé et champêtre à cette façon d'imprimer à ce Black Metal qui, sans cela resterait des plus communs, une touche mélodique et lointaine ("Vagstarns Svarta vatten") et ce, bien que les racines noires et grésillantes affleurent davantage que chez son autre employeur ("Bleak").
Recourant à sa langue maternelle, Necrofucker se veut le shaman obscur guidant l'auditeur à travers une forêt enneigée que peuplent la nuit et ses mystères. Encadré par une introduction Ambient et inquiétante posant admirablement ce décor naturel habité par des esprits païens ("Echoes From The Past") et un épilogue aux couleurs d'un folklore triste et sombre, Förfall déroule ensuite son Art noir hypnotique et lancinant dont les limites, si elles sont très vite perceptibles (au niveau du chant, par trop uniforme), ne grèvent finalement pas trop le plaisir que l'on peut ressentir à l'écoute de ces odes crépusculaires qui possèdent la qualité rare d'appuyer sur l'interrupteur et de plonger tout ce qui les entoure dans une profonde nuit noire. Mieux que d'autres peut-être, Srodek parvient à matérialiser, à toucher du doigt cette atmosphère teintée d'étrangeté des forêts boréales infinies.
Dommage néanmoins que cette seconde offrande ne soit pas un peu plus longue (une trentaine de minutes c'est un peu court, surtout après trois ans de silence) et n'aille pas tout à fait au bout du chemin tracé. Et est-ce toujours le même groupe ? Pas sûr. On lui préfèrera en outre Svarti Loghin dont les deux albums sont des perles vaporeuses et désespérée.