Heureusement, la chapelle impie à la grecque ne se résume ni à Rotting Christ (bon groupe au demeurant) ni à Septlic Flesh. Malgré le soleil de la Méditerranée, on y trouve un terreau fertile à la propagation d'une vermine plus underground et donc plus evil et intéressante. On songe bien entendu aux dinosaures Nocternity ou à Dodsferd. On peut compter désormais aussi Ravencult qui, avec Morbid Blood, fait plus que transformer l'essai de Temples Of Torment.
Ces malfaisants satanistes (quoi d'autres ?) ont pris leur temps (quatre ans !) mais l'attente en valait l'Ostie. Ayant enfin perdu leur pucelage, les Grecques sécrètent avec ce second méfait une semence sale et riche en grumeaux maléfiques. Adeptes des saillies relativement courtes et brutales, ils dressent ainsi un Black Metal à la fois véloce dans sa manière de perforer les orifices béants et reptiliens lorsqu'ils se décident, pour notre plus grand plaisir, à serrer le frein à main, comme ils le font lors des démoniaques "Winds Of Damnation", que déchirent des breaks fiévreux, ou "Sworn To The Unspoken Otah", dont la dernière partie est tout simplement jouissive.
Entre viols mâtinés de plans Thrash et cradingues ("With Hunger In Eyes") plus nombreux que sur l'opus précédent, et négativité du riff ("The Gate Of Bloodshed"), Ravencult n'invente peut-être rien mais il y a là un sens de l'atmosphère cryptique de cave éclairée à la chandelle et théâtre de rituels occultes, tout à fait saisissant qui confère à ce Morbid Blood au titre éculé, plus d'intérêt que les clichés qu'il arbore tel un étendard le laissent penser. Du coup, ce qui ne devait être qu'une modeste procession se transforme en un cortège noir qui exsude plus de fiel que bien des crachats du même genre.
Reste à voir maintenant si les Grecs sauront rapidement remettre le couvert ou s'il nous faudra encore une fois attendre plusieurs années avant de pouvoir de nouveau communier avec eux... Dans tous les cas, Temples Of Torment ne nous avait pas trompé : Ravencult est bien un des rejetons de Satan les plus evil apparus ces dernières années. A réserver aux amateurs de Beherit et du Bathory primitif qui sauront sucer avec délice ces plaies suintant un jus noir et sale.