Deuxième volet de la trilogie de la lutte entre le bien le mal des heavy métalleux de Running Wild, "The Rivalry" sort en 1998, soit trois ans après "Masquerade", plus long délai que n'ai jamais mis le groupe à proposer un album. Et cette longue attente est peut être une bonne nouvelle tant "Masquerade" était bien trop heavy et banal, sans âme, se contentant de bourriner l'essentiel de sa durée. De plus, depuis quelques temps, le pionnier allemand est confronté à une rude concurrence qui l'a supplanté alors qu'elle s'en est largement inspirée. Des groupes comme Hammerfall, Angra, Gamma Ray, Sonata Arctica ou encore Iced Earth se sont placés sur le devant de la scène, reléguant Running Wild au rang de vieille gloire un peu désuète.
Le défi de ce 10ème album est donc grand pour nos pirates: il leur faut absolument se reprendre, sous peine de tomber définitivement dans l'oubli et la poussière, "Masquerade" ayant été la plus mauvaise vente de leur histoire. Pour ce 2ème volet, la piraterie est mise de côté au profit des guerres napoléoniennes et le résultat, sans retrouver l'aura des grands disques, est de bien meilleure qualité. Le groupe a ralenti le tempo et propose à nouveau des hymnes scéniques épiques et mélodiques avec un peu plus de variétés. Malgré tout, il reste des défauts avec des titres bateaux encore trop bourrins et surtout une durée d'album, 70 minutes, bien trop longue.
Malgré tout, "The Rivalry" reste agréable à écouter grâce à ses morceaux phares qui font le boulot à merveille. Déjà, l'introduction et ses bruits de batailles suivi de "The Rivalry", valent pratiquement tous les titres de "Masquerade". Le ton épique-métal est de retour avec un excellent refrain et de parfaits riffs et soli qui en font un hymne en puissance pour la scène. Ensuite, avec l'épique et mélodique "Return Of The Dragon", on retrouve le groupe frais, mélodique et imparable que l'on aime tant. Il en va de même pour les formidables "Ballad Of William Kidd" et "War & Peace", tiré du roman de Tolstoï, qui font renaitre le passé heavy et accessible avec une classe énorme, à coups de riffs et soli tranchants et mélodiques.
A côté, nous avons affaire à des titres assez impersonnels, dans le moule du heavy allemand donnant l'impression d'être enregistré à la chaine. Cela pourra plaire aux amateurs du genre bien sur, mais décevra ceux qui étaient habitués à voir Running Wild mener la troupe et ne pas se contenter de la suivre sans trop d'inspiration. "Kiss of Death", "Firebreather", "Ressurection", "Agents Of Black" ou encore "The Poison" seront vite écoutés et oubliés.
Le bilan est donc juste satisfaisant. Le combo remonte un peu le niveau mais le chemin semble encore long pour retrouver la flamme d'antan. L'âge d'or semble un peu passé pour Running Wild qui fait encore plaisir à ses fans et aux amateurs avec quelques titres mais ne semble plus capable de proposer un disque imparable comme à la fin des années 80 et au début des années 90. Il reste à espérer que cette lente descente artistique ne soit pas trop forte et inexorable comme tant de formations qui n'ont pas su arrêter avant le bon moment.