D’où provient cette propension au sein du Black-Metal tendance true, celui qui ne sort jamais de l’ombre et qui se ballade avec l’étiquette "culte" sur le coin de la gueule, à pondre des albums comme d’autres vont aux chiottes ? Bref, qu’importe. Mais toujours est-il que le dénommé Wrath, grec de sang mais scandinave de cœur, semble avoir de la musique qui lui sort par tous les orifices. Et alors que Nihilistic Stench, son premier effort avec Nadiwrath vient à peine de sortir du four, le revoilà déjà qui nous rend une petite visite sous la bannière Dodsferd, son principal port d’attache, pour s’ouvrir les veines et libérer ses ondes dépressives coutumières.
Si la qualité inégale du jet séminal de son nouveau side-projet, ainsi que cette frénétique boulimie créatrice, gourmandise qui finit toujours un jour ou l’autre par tutoyer l’échec artistique, pouvaient laisser craindre le pire quant à la tenue de cette nouvelle Ostie, celle-ci témoigne pourtant dès ses premières mesures que c’est bien lorsque le Grec appuie sur l’interrupteur et se met à transpirer le désespoir par tous les pores de la peau et par tous les riffs pollués dont il a le secret, que le misanthrope fait montre de sa plus belle érection de mélancolie.
Nécropole réunissant six sépultures noires et haineuses, Spitting With Hatred The Insignificance Of Life déchaîne un Black-Metal dont la vélocité n’étouffe jamais le feeling suicidaire dont il ruisselle avec largesse un fluide sale comme la neige sous la pluie. Tout en conservant une accroche plus Thrash que véritablement Raw, tel que ce fut le cas sur Nihilistic Stench dont il reste quelques oripeaux aux relents punk (l’entame de "Your Kingdom Was Built In A Lie"), notre Grec préféré sécrète six coulées tranchantes et grumeleuses dont les plus réussies demeurent aussi les plus longues ("Praying In Vain Under The Shrine Of Your God" et surtout "A Pile Of Shit : The Only Hope Of Your World" lequel, du haut de son quart d’heure, domine le reste de ce sinistre menu), celles qui vous engourdissent avant de vous étouffer bien qu’elles foncent toujours pied au plancher.
Pourtant, on aime le tempo relevé du fielleux "The Hate Goes On" qui draine ces riffs pollués et granuleux qui labourent les chairs à la manière d’un scalpel rouillé. Notons toutefois le recours à une forme de chant clair finalement des plus mélodiques qui, s’il demeure encore parcimonieux, témoigne chez Wrath d’une timide volonté sinon de rendre son art plus accessible au moins de le faire évoluer, mais peut-être pas dans le bon sens.
Reste donc un bon crachat de true Black Metal, sous-chapelle au sein de laquelle Dodsferd fait figure de prêtre aux méthodes éprouvées certainement, toujours efficaces aussi. Néanmoins son prédécesseur, Suicide And The Rest Of Your Kind Will Follow, arpentait un caveau plus enthousiasmant car générateur d'ondes franchement plus négatives…