Avec " The Rivalry", Running Wild a un peu redressé la barre mais le cœur ne semble plus y être. La flamme semble en effet avoir disparu chez nos amis pirates germaniques. Le heavy métal du groupe est en effet bien souvent banal et sans âme et on ne note des sursis qu'à d'assez rares reprises. Rolf Kasparek, même s'il semble solidement accroché à la barre de son groupe, semble avoir perdu la main, largué par la concurrence et semble bien seul au final en cette fin des années 90. "Victory", Le dernier volet de la trilogie sur la bataille entre bien et mal, et 11ème disque du groupe, est ainsi un cran en dessous de son prédécesseur. Il souffre d'une production très froide, le son de batterie est assez clinique et semble sorti d'une machine, Angelo Sasso crédité comme batteur ne semblant même pas exister. L'impression que Kasparek fait tout lui-même, comptant vaguement sur ce qui lui reste de groupe, est ainsi très forte, transformant encore plus le groupe en simple projet solo.
Malgré tout, en faisant abstraction de ces défauts sonores, "Victory" n'est pas un échec total. Il a quand même ses bons moments, montrant que parfois il reste à Running Wild une certaine classe et une personnalité, et le tout devrait plaire à la frange de fans qui reste au groupe, en Allemagne pour l'essentiel, même si on sent bien que ce dernier, et son leader en tête, se caricature plus qu'autre chose. Les illustrations du livret avec le seul Rolf en attestent d'ailleurs grandement. Running Wild fait quand même l'effort ici de ralentir un peu le tempo. Jörg Michael est parti et a visiblement emmené avec lui les aspects trop heavy. De fait, ce côté plus mid-tempo fait du bien. Il est juste dommage que la qualité des compositions ne suive pas complètement ce ralentissement.
Le bilan est donc assez faible pour un disque censé conclure une trilogie et représenter la grandeur des tsars de Russie. Le temps des hymnes parait totalement révolu et on est déjà content d'avoir juste quelques bonnes chansons ici et là. Dans cette optique, "When Time Runs Out" "Timeriders" et "Return Of The Gods", honnêtes titres avec de bons refrains et des riffs qui se retiennent à la fois mélodiques et puissants, s'en tirent avec les honneurs. Il y a aussi le long titre épique habituel avec "Tsar" et c'est un bon moment, même s'il n'est pas au niveau des titres épiques et historiques que le groupe a pu proposer dans le passé.
Le reste est de nouveau une collection de titres sans grand intérêt, donnant l'impression d'être composés à la chaine et sans passion, et on passera rapidement sur le "Revolution" des Beatles qui ne méritait pas un tel traitement à la sauce heavy métal.
"Victory" est donc un échec pour un groupe qui semble perdu et sans fil conducteur. Les albums moyens commencent à défiler et la grande époque semble bien loin. Certes, pour un novice, le disque peut faire illusion quelques temps, mais une fois passé les quelques bons moments, il s'avère bien creux. A présent, Running Wild semble à bout de souffle et, hormis les fans absolus, on ne voit guère qui peut encore s'accrocher au navire en perdition.