De Halmstad, on connait le jadis talentueux Niklas Kvarforth dont une des œuvres de Shining porte le nom. Dans un genre franchement opposé, on peut compter aussi sur Lechery pour représenter la commune suédoise. Si la présence à son bord de l’ancien bassiste d'Armageddon (l'autre projet de Christopher Amott) et Arch Enemy avec lequel il enregistré le seul Stigmata en 1998, soit la période la plus obscure du groupe car antérieure à l’intronisation de la tigresse Angela Gossow, Martin Bengtsson, que l'on découvre ici chanteur et guitariste, pourra susciter un vague intérêt chez certains fans, n’allez surtout pas croire que les deux formations braconnent sur les mêmes terres. Point de Death-Metal mélodique et Thrashy chez Lechery mais plutôt l’allégeance au pur Heavy traditionnel des années 80, comme les aciéries d’Outre-Rhin en usinaient des palettes entières.
Le nom du groupe – ridicule – ainsi que la pochette – laide avec son poing corseté de cuir et serrant une chaîne – de In Fire, ne doivent surtout pas vous faire fuir ce deuxième album qui se révèle être plutôt une bonne, bien que modeste, surprise. A son actif, déjà, une poignée de titres efficaces et catchy dont les parties à deux guitares renvoient directement aux grandes heures d’Iron Maiden.
Surtout, si la paires de bretteurs ne sauraient nier l’influence du tandem Dave Murray et Adrian Smith, Martin Bengtsson réussit quant à lui une très enthousiasmante imitation de Klaus Meine dont il restaure les harmonies vocales. Le mimétisme est troublant sur des morceaux tels que "Mechanical Beast" ou plus encore "Burning Anger". Bref, imaginez le Scorpions du débuts des eighties (le meilleur ?) qui aurait coulé son Hard-Rock dans un moule un peu plus dur, moins lisse et vous aurez une petite idée du contenu de ce In Fire sans prétention, anachronique et orthodoxe, regorgeant de mélodies certes d’un autre âge, mais emballées avec un généreux savoir-faire. Le lourd "Virgin", "The Igniter", qu’introduisent des chœurs virils, "Cross The Line" qui drainent des riffs tranchants ou "Lust For Sin" forment une brochette de brûlots immédiats, auquel il convient de rajouter le titre éponyme presque Stoner façon Spirtual Beggars (on reste en famille) dans l'âme et dans la voix du guitariste, dont on n'aurait pas pensé qu'il possédait un tel talent caché, lequel mériterait sans doute d'être utilisé dans un groupe à la renommée moins confidentielle.
Assumant les clichés les plus éculés ("Heart Of A Metal"), Lechery ravive à lui seul toute une époque faite d’insouciance, et de naïveté également, où les groupes vantaient les valeurs du Metal sans sombrer pour autant dans le ridicule. Après un premier jet dont la pochette l'arrimait à la vague Power (true) Metal, les Suédois reviennent avec In Fire quelques années en arrière, à la source même du genre quand celui-ci se conjuguait avec le cuir, la sueur et les clous. Un bon cru en définitive, mais qui arrive toutefois un peu tard après son prédécesseur, délai qui explique qu'on les avait un peu oubliés depuis ce Violator de pourtant bonne mémoire. Ces musiciens sont donc priés de se montrer plus productifs à l'avenir s'ils ne veulent pas avoir à tout recommencer à chaque fois...