C'est dit : 2011 sera l'année des disques inspirés des traditions folkloriques ou ne sera pas. Ainsi, après le succès de Nolwenn Leroy et de son album de chansons bretonnes, Kevin Ridley sort après cinq ans d'efforts son premier album, largement autobiographique, et fortement imprégné du folklore celtique du nord-est de l'Angleterre dont il est originaire. Kevin Ridley n'est pas un nouveau venu dans la musique. Il y traine en effet ses guêtres depuis trente-cinq ans, d'abord en tant que producteur, puis comme musicien, chanteur et compositeur. Depuis 1999, il est membre du groupe de folk-métal Skyclad, dont certains membres ont eu la courtoisie de faire une apparition sur "Flying In The Face Of Logic".
Il serait caricatural de dire que cet album est un recueil d'airs folkloriques, même si ceux-ci sont majoritairement présents. Si l'on exclue l'intro et l'outro 'Flying In The Face Of Logic – Parts 1 & 2' qui sont deux déclinaisons d'une seule et même courte chanson où la seule différence notable est la voix trafiquée sur 'Part 1' alors qu'elle est naturelle sur 'Part 2', les titres se répartissent entre rock FM, folk/rock et rock folklorique.
Dans la première catégorie, le titre d'ouverture (une fois passée l'intro), 'Eat The Sun', est un rock assez enlevé, avec son petit solo de guitare électrique et ses riffs au violon. 'Point Of Departure' est une ballade mollassonne très rengaine alors que 'Still Lucid After All Those Beers', plus énergique, a des faux airs d'un tube des Beatles. Pour les chansons folk, nous retiendrons 'Knotwork', un doux "voix/guitare acoustique" rappelant Cat Stevens, et 'Lost For Words' dans le même style, rehaussé par la ligne de basse.
Mais la part du lion revient aux chansons folkloriques, c'est-à-dire des airs où l'on s'imagine en cercle au milieu de la place du village, les deux bras levés, pliés à mi-coude, tenant chacun de ses voisins par l'auriculaire, et sautillant d'une jambe sur l'autre au son du violon et de la cornemuse. Kevin Ridley décline son folklore sur tous les tons : nostalgique ('Angel At Harlow Green'), entraînant ('De Profundis (Back Home Again)'), traditionnel (l'horripilant 'The Linton Flyer'), dansant ('(We All Get) Where We Want To Go'), métal dansant ('They Dance Till Tomorrow'), ou festif ('Which Is Why'). Il est dommage que sa voix, bien que juste, demeure assez impersonnelle et peu puissante. Elle ne donne pas à ces titres le charme particulier qu'un timbre rocailleux ou légèrement nasillard aurait certainement apporté.
Titre à part, 'Good Intentions (A Young Man's Tale)', même s'il présente lui-aussi quelques stigmates folkloriques, se distingue grâce à un tempo rock bien appuyé par la batterie et surtout de très beaux chœurs sur le refrain. Assurément le plus beau titre de l'album.
La musique de "Flying In The Face Of Logic" est trop typée pour plaire à tout le monde. Mais si des airs dansants joués au violon et à la cornemuse vous tentent, cet album devrait pleinement vous satisfaire.