Flash-back sur la période fin des années 80's / début des 90's : le progressif, porté par le courant néo, tente de revenir au premier plan dans le sillage de Marillion, Pendragon et autres IQ. De nombreux labels, quasiment dédiés au genre, vont fleurir un peu partout, MSI en France, Cyclops en Grande Bretagne ou encore, et surtout, SI Music aux Pays-Bas, produisant à tour de bras et sans trop de discernement, opus de qualité et productions insignifiantes. A l'orée de cette époque plus ou moins bénie, Comedy Of Errors, groupe écossais proche des membres de Pallas et d'Abel Ganz, tente en vain de se faire une place au soleil, sa seule récompense provenant de la sortie d'un album éponyme de piètre qualité sur le label français, compilation de divers EP publiés précédemment.
De cette époque foisonnante où se sont noyés nombre de groupes à la carrière plus qu'éphémère, ressurgissent de temps à autre quelques survivants, et le moins que l'on puisse dire est que la résurrection de Comedy Of Errors s'avère aussi inattendue que pleine de promesses, le groupe n'ayant finalement jamais eu véritablement l'occasion d'exprimer ses ambitions sur CD.
Avec Disobey, nos Ecossais nous reviennent avec un album bien rempli, fort d'une longue suite de 25 minutes, promesse de moments savoureux. Et ces moments sont plutôt nombreux tout du long des 60 minutes de cette galette. Alors bien entendu, le style est un néo-progressif très classique, resté ancré dans les 90's : des mélodies fort joliment troussées, des accompagnements soignés avec des claviers … néo mais pas seulement. Et inévitablement, les soli magiques de guitare qui viennent illuminer très régulièrement chaque plage. Un exemple parmi d'autres ? Allez, jetez-vous sur Prelude, Riff And Fugue, comme son nom l'indique ! Point de violence par ici, ni d'harmonies torturées, encore moins de breaks rythmiques infernaux : Disobey pourrait servir de parfaite référence à qui veut jouer du néo-progressif "à l'ancienne" (!), loin des tendances métalliques adoptées aujourd'hui par de nombreux groupes de référence du genre (suivez mon regard vers les Pallas et autres Pendragon notamment). La réalisation est soignée, et l'ensemble respire l'honnêteté : point d'ambition démesurée ni de clinquant, juste la sensation que le groupe a voulu se et nous faire plaisir.
Et si quelques longueurs viennent quelque peu perturber l'attention de l'auditeur en milieu de galette, la longue suite en quatre parties The Student Prince vient sans contexte remonter le niveau, proposant un foisonnement de thèmes tous plus jouissifs les uns que les autres. Aficionados du néo-prog, jetez-vous par exemple sur les premières minutes de la première partie de cet épic, titre mâtiné d'IQ et porteur de parties instrumentales formidables.
Sans être le disque de l'année, Disobey nous propose de passer un agréable moment quelque peu "revival", fort agréable pour ceux dont le néo-prog a servi d'initiation à la musique progressive il y a 20-25 ans. Les détracteurs du néo-prog y trouveront également leur compte, pouvant dénoncer à tour de bras les clichés qu'ils estiment véhiculés par ce genre. Ignorons leurs critiques et apportons notre crédit à ce groupe pour le miel qu'il tente de distiller dans nos oreilles.