En ce début des années 2000, Running Wild n'est plus que l'ombre de lui-même. Il aura suffit de quelques albums faibles, dont le précédent, "Victory", le plus mauvais de l'histoire du groupe, pour que le groupe perde une grande partie de son public, plus attiré par de jeunes formations de talent. De fait, l'annonce de ce 12ème album ne passionne plus grand monde: le groupe est sur un label subalterne de faible envergure et semble complètement passé de mode après 3 ans d'attente. De plus, la composition de Running Wild ne se résume officiellement plus qu'à un trio, Rolf Kasparek faisant toutes les parties de guitare, juste accompagné par un bassiste et le fameux Angelo Sasso à la batterie. Ce dernier est sensé être un pseudonyme mais il cache la dure réalité: le son ne laisse pas planer le doute sur le fait que Rolf a recourt à une boîte à rythme.
Comme une tentative de garder le navire à flots, "The Brotherhood" retrouve sur sa pochette, la piraterie qui a fait la gloire du groupe dans un lointain passé. Mais le résultat se place dans la lignée de "Victory", en plus médiocre encore, le tout étant en plus gâché par cet horrible son de batterie mécanique. Il ne reste donc pas grand-chose à retenir de cet album. Running Wild balance ses titres de heavy à l'allemande sans guère de convictions et d'inspiration. L'ami Rolf semble vraiment complètement rincé et ne parvient à faire illusion que le temps de quelques chansons qui rappellent un peu l'âge d'or.
Ainsi surnagent "Welcome To Hell" et "The Brotherhood" dans le genre heavy-speed mélodique et classique. La première, avec un son digne de ce nom, a tout pour bien fonctionner avec son aspect direct et accrocheur. La deuxième, malgré un son de clavier Bontempi, est une belle chanson épique à l'ancienne, avec belle mélodie et bon refrain. Enfin, il y a "The Ghost", longue pièce historique et épique sur la vie de Lawrence d'Arabie, de belle facture même si elle n'atteint pas le niveau d'un "Calico Jack" ou d'un "Genesis". Elle fait tout de même plaisir en fin de disque, montrant un semblant d'ambition artistique après tant de médiocrité.
Mais tout cela n' apporte rien de bien neuf. Encore une fois, l'amateur doit se contenter d'avoir ici et là une chanson valable, et ne plus penser à voir le groupe éviter de trop se répéter, car il faut se rendre compte que même ces chansons n'auraient pas forcément eu leur place sur un des classiques du groupe. Le reste s'oublie vite, par pudeur pour ce qu'a pu réaliser Running Wild dans un passé pourtant pas si lointain. "Crossfire", "Siberian Winter", "Unation", ou le très mauvais "Dr.Horror" sont vraiment de très faible qualité, à peine des faces B ressemblant à de vieux fonds de tiroir et montrant un heavy pataud et sans imagination.
Le constat peut paraitre sévère mais il est franc et sincère pour un groupe qui a tant fait voyager ses auditeurs. "The Brotherhood" réussit ainsi l'exploit d'être encore plus mauvais que "Victory". Il confirme la chute infernale du groupe et d'un Rolf Kasparek qui, même s'il reste fidèle au heavy-métal, ne semble plus s'y intéresser vraiment et ne semble en tout cas plus capable de composer de vrais bons titres. Running Wild ressemble malheureusement de plus en plus à un malade en sursis que l'on fait survivre par amitié et fidélité.