Trettioariga Kriget traîne ses guêtres depuis le début des années 70 et fait donc preuve de durabilité sur la scène mondiale du rock progressif. Le véritable tour de force est d’avoir encore en son sein 4 des membres fondateurs qui se sont retrouvés en 2004 pour remettre en route la machine. "Efter Efter" est la troisième partie de la trilogie commencée avec "Elden Ay Ar", poursuivie par "I början och slutet", et tout juste entrecoupée d’un live en 2009. C’est tout de même le dixième album studio du combo qui lui permet d’atteindre un niveau de maturité désormais élevé.
L’utilisation de la langue natale n’est pas forcément ce qui se fait de mieux pour rayonner au-delà du pays d’origine mais ne provoque pas de rejets (à l’image de feu Abraxas et de son frontman). C’est un choix qui s’avère finalement payant puisque l’attrait premier est tout de même la qualité des compositions bien présente ici. La diversité des intervenants au micro permet d’autant plus de faire passer ce détail (sauf pour le remuant "Till En Sputnik" abimé par un chanteur en dehors du ton).
Un manque de variété évident dans les sons utilisés par les synthés et les guitares maltraite tout de même la palette musicale que le groupe aurait pu étoffer histoire de lasser moins vite. Les compositions sont largement basées sur la même trame posée sur un rythme mid-tempo: intro guitare électrique / montée en puissance avec la voix / solo / break central avec un retour au thème final. A ce petit jeu "Barnet" et "Tavlan" sont recommandables, notamment le premier cité et son improvisation du milieu-du-titre.
L’instrumental "The Dance" permet au trio guitare électrique / acoustique / synthés de converser sur un rythme plus soutenu. La ballade "Glorious War" démarre sur des chœurs, développe son thème sur un couplet/refrain standard, mais le clou du spectacle est le solo final de 2’30 qui ponctue ce titre de très, très belle manière.
Le titre éponyme est l’épique qui rassemble en une plage l’ensemble des remarques précédentes : un chant qui s’intègre parfaitement dans un développement musical standardisé mais éprouvé (mis à part l’intervention d’une flûte et un solo de claviers). L’ouverture des différents tiroirs se réalise au fur et à mesure et dans une logique imparable. Le son s’est toutefois étoffé avec l’utilisation d’effets qui démontre que le groupe aurait pu faire de même (donc mieux) avec le reste des compositions.
"Efter Efter" est la clôture d’une trilogie qui scelle la reformation du groupe. Au petit jeu des qualités il n’y a rien à redire sur la prestation des intervenants mais il manque le petit plus qui tire des Ah ! et des Oh ! de bonheur à l’auditeur (si ce n’est sur la ballade et le titre éponyme). Somme toute un bon disque distrayant qui possède en son sein de quoi justifier de le posséder dans sa CDThèque mais qui, nous en doutons, ne restera pas au Panthéon des disques de progressifs de l’année.