Malgré un disque live séduisant tendant à prouver que le groupe n'est pas encore tout à fait mort, Running Wild et son équipe de pirates ressemblent plus au Hollandais Volant qu'à un fier navire de conquêtes. En effet, il s'écoule encore trois longues années pour la sortie de ce 13ème album studio, "Rogues En Vogue", et on ne voit pas comment Rolf Kasparek, seul maître à bord, pourrait se relever artistiquement après deux albums de faible qualité. Ainsi, c'est presque dépités par avance que les fans s'apprêtent à découvrir cette nouvelle offrande des métalleux germaniques dont l'âge d'or semble un lointain souvenir. Le groupe, qui ne tourne pratiquement plus, semble en effet complètement dépassé et hors du temps. Malgré tout, ce nouvel album est légèrement supérieur à ses prédécesseurs. Le son est meilleur, la batterie semblant un peu plus naturelle, mais le tout est assez banal. Il n'y a pas de concept fort, pas de titres marquants, juste une collection de onze chansons de heavy classique composées tant bien que mal par Rolf Kasparek entre 2004 et 2005.
Il ne reste donc pas grand-chose à retenir de l'écoute d'un album qui semble presque inutile, si ce n'est faire plaisir à quelques fans qui trouveront leur dose habituelle de heavy. Chaque titre passe sans qu'un tube ou un hymne en ressorte, même s'il n'y a rien de mauvais dans toutes ces chansons balançant entre heavy mélodique et mid-tempo, sans titre réellement très rapide ou épique. Malgré tout, on éprouve comme une certaine sympathie pour ce disque, franchement moins raté qu'un "The Brotherhood", dans la moyenne d'un genre un peu en bout de course. Avec les écoutes, certains titres arrivent même à ressortir un peu, comme l'ouverture, "Draw The Line", très heavy rock et qui possède un bon refrain et de bons riffs de Hard-Rock à l'ancienne. L'un des seuls titres rapides, "Angel Of Mercy", tire également bien son épingle du jeu. Le refrain est de bonne qualité, encore avec un bon rythme, énergique et qui passerait bien en concert.
Ensuite, les chansons semblent sorties d'un même moule. De "Skeleton Dance" à "Black Gold", en passant par "Soul Vampires", "Skull & Bones", ou "Rogues En Vogue" et "Winged & Feathered", il n'y a rien d'infamant, comme dans un passé récent, mais rien non plus de fort passionnant. Cela passe bien mais le cœur n'y est plus. Running Wild se contente de copier son passé glorieux sans passion ni imagination. Il n'y a en fait qu'un seul titre raté: l'épique "The War" et ses dix minutes est interminable, répétitif et présente des chœurs risibles, loin de la classe passée du groupe. Finalement, pour avoir un excellent titre, il faut paradoxalement aller chercher dans la version limitée avec le bonus-track "Libertalia", superbe chanson speed et épique qui rappelle avec bonheur le passé glorieux et donne un petit frisson de nostalgie.
"Rogues En Vogue", même en étant meilleur que ses prédécesseurs, est quand même une déception, certes attendue pour un groupe dont la conviction semble absente, tout comme la volonté de remonter la tête. Ainsi, on se demande si après presque 25 ans de carrière, il ne serait pas temps pour les pirates de se poser assez longtemps et de rendre les armes avant qu'il ne soit trop tard. Ce dernier album pourrait être une sortie honorable pour un tel groupe. Il n'est pas infamant c'est déjà une bonne nouvelle en soi.