Ceux qui attendaient qu'In A Quiet Place..., soit le successeur de Delicately en seront donc pour leur frais, puisqu'il ne s'agit que d'une œuvre hybride offrant relectures de quelques unes des plus belles perles du répertoire des Nordistes, des pistes inédites et une reprise, le tout (re)travaillé sous le prisme d'un format acoustique qui sied plutôt bien à une musique qui a toujours davantage misé sur le sens des atmosphères que sur la puissance à tout prix.
L'opus porte bien son nom en cela qu'il a quelque chose d'un lieu paisible et chaleureux dans lequel les invités se sentent immédiatement à leur aise. Il est le cadre idéal abritant ce rock feutré aux teintes progressives diffuses. Subdivisée en trois segments, cette collection débute par les trois nouveaux titres, dont nous retiendrons surtout le floydien "Not Heal Yet" aux arrangements mélancoliques et caressé par la voix délicatement émotionnelle de Britta Herzog, même si "Child Fire" qu'introduisent quelques notes de piano, séduit par sa touchante sobriété.
En se frottant à la fin de la première partie du menu, au gigantesque "Blood Brothers" d'Iron Maiden, le groupe ne choisit pas la facilité. Des reprises de la Vierge de Fer, on en a plein les étagères mais celles-ci, le plus souvent, ne s'éloignent jamais des hymnes immortels et s'attaquent rarement aux compositions ni les plus récentes ni les plus épiques de l'œuvre des Anglais. Reconnaissons déjà à AmartiA la courageuse initiative d'avoir jeté son dévolu sur cette longue pièce extraite de Brave New World qui porte l'incontestable signature de Steve Harris. Contre toute attente, les Français n'ont pas à rougir du résultat. Le fait d'en proposer une version vierge d'éléments électriques les dispense d'une comparaison qui forcément n'aurait pas tourné à leur avantage. Seul bémol, "Blood Brothers", même dans cette configuration inédite, est un titre tellement fort que, placé presque à mi-parcours, il aurait presque tendance à occulter le reste du programme que compose d'anciens morceaux coulés dans le moule acoustique. Ce serait toutefois sous-estimer le potentiel des petits bijoux d'émotions que demeurent "Grey Circles", "Not A Detail" (tous les deux extraits de Delicately) ou bien encore "Ascension" (présent à l'origine sur Maïeutics) qui, pendant près de dix minutes, déroule une trame intimiste qui fait tout simplement du bien.
Pause doucereuse et squelettique, In A Quiet Place... affirme la liberté aussi bien de ton que de trait dont jouit AmartiA. Et alors que chez certains, il tient plus du gimmick que d'une démarche raisonnée, cet exercice acoustique prend chez les Nordistes tout son sens car sa musique s'y prête admirablement, à un point tel que celui qui les découvrirait avec cette essai pourrait croire qu'il s'agit de leur style habituel tant la démarche artistique du collectif parait naturelle.