Kamelot s'est fondé en Floride en 1991 par la volonté du guitariste Thomas Youngblood et du batteur Richard Warner. Profitant du regain de forme et de mode du heavy mélodique, le combo se fait signer par le célèbre label allemand Noise, qui a contribué à l'essor du genre dans les années 80 avec Helloween ou Running Wild, puis qui a lancé les carrières de Gamma Ray ou Rage au début des années 90. Avec cette signature, Kamelot s'assure une bonne distribution, notamment hors de ses frontières où le genre qu'il pratique reste marginal, seul Iced Earth tirant à peu près son épingle du jeu.
"Eternity", le premier album de la formation américaine, voit le jour en 1995 et montre une formation encore très jeune et un peu verte musicalement. Le disque propose 11 titres d'un heavy mélodique classique avec un chant typique du genre, Mark Vanderbilt ayant un timbre assez aigu pas très loin d'un André Matos (Angra, Shaman) mais sans la même puissance vocale. Le tout souffre aussi d'une production assez faible. Le son est en partie étouffé et manque cruellement de la puissance indispensable au style, la batterie en particulier.
Il s'agit donc d'un premier album caractéristique. On sent une volonté énorme et de l'ambition, mais le tout est encore très limité malgré un niveau musical prometteur. Youngblood montre un très bon niveau à la guitare, pondant de très bons riffs et soli entre speed métal et métal progressif. Mais seuls les fans acharnés du groupe pourront trouver un réel intérêt à cet album. Il y a bien de bons passages ici et là, mais aucun titre ne sort du lot. Outre le son, le disque est handicapé par un chanteur qu'on sent motivé et voulant bien faire mais qui n'a pas encore toutes les qualités requises pour un genre musical aussi exigeant. De fait, il plombe certaines chansons comme "One Of The Hunted" qui pourrait donner un très bon titre de heavy mélodique et symphonique s'il bénéficiait des services d'un chanteur plus expérimenté.
Outre ce titre, nous retiendrons "Fire Within", seul titre réellement bon d'un bout à l'autre, présentant un heavy mélodique de qualité, avec de nouveau ce côté plus progressif mis en avant pour un résultat très prometteur sur les capacités de Kamelot à écrire de bonnes chansons. Nous sauverons également "Eternity", un titre classique de heavy-speed plutôt bien fait mais sans grande originalité, "Proud Nomad" assez rapide et maitrisé, même si le chant pêche encore un peu, et "The Gleeman". Cette dernière, plus progressive et symphonique, est assez recherchée, prouvant que le groupe, et Youngblood en tête, peut faire bien mieux que du heavy passe partout. Car le reste navigue entre médiocre et facilement oubliable comme la ballade "What About Me" qui rappelle un peu Queensrÿche par les intonations vocales mais sans la classe du groupe de Seattle. Les autres titres s'oubliant aussi vite qu'ils s'écoutent tant rien n'en ressort de mémorable.
Ce premier album n'est donc clairement pas une réussite. Kamelot est encore un jeune groupe avec des aspects prometteurs mais qui a encore pas mal de chemin à parcourir pour espérer attraper le wagon de la 1ère division du genre. Pour le moment, il est juste un petit espoir au milieu de la masse heavy mélodique, avec des qualités mais aussi de grosses faiblesses qu'il faudra vite corriger.