Il aura fallu patienter cinq longues années avant de revoir poindre la truffe de Wolverine, et après leur brillant "Still" les espérances étaient forcément grandes. Pas anodin, le titre "Communication Lost" exprime bien le pourquoi d’une telle attente et par la même le concept inhérent à l’album, à savoir des relations quelques peu raréfiée par obligation au sein du combo, un entracte de vie à l’origine de diverses expériences individuelles et qui se retrouvent sur chacun des morceaux… en bref c’est cinq ans transformés en soixante minutes de musique.
La trame de l’opus débute donc ainsi, l’avènement d’une chute ("Downfall") qui cinq ans plus tard finit en happy-end avec une sorte de renaissance ("The Beginning"). Au milieu, le quotidien de nos Suédois aura changé, mais pas leur musique au final qui n’aura pas réussi, et à notre plus grand bonheur, à s’émanciper des schémas engendrés sur "Still". Dès "Into The Great Nothing" (après l’introductif "Downfall"), le voile est d’ailleurs levé sur les ambitions de Wolverine : faire perdurer l’alchimie miraculeuse de leur dernier chapitre. Un métal progressif atmosphérique d’une classe immense dont parfois les propos se modèrent en un rock lui aussi sinueux et tout autant grisant. Déjà, la voix de Stefen Zell reprend ses droits, puissante et profonde. Plus tard, "Your Favourite", "War In Memory Of Me" (premier et génial titre composé à la suite de "Still") ou encore "Communication Lost", pavé de presque neuf minutes, viendront planter définitivement le clou de ce genre ô combien maîtrisé et pour lequel il reste catalogué.
Bien connu également pour ses travellings doucereux, presque acoustiques ou agrémentés de quelques griffures électro, Wolverine ne perd pas son auditoire à l’entame du mélancolique "Poison Ivy" dont les cordes ondoyantes s’agrippent à l’esprit désireux comme un lierre bienfaisant. "What Remains" descendra en revanche un peu trop facilement cette pente vite glissante, acceptant le mariage peu scrupuleux entre un piano et violoncelle larmoyants garnissant ces cinq minutes de pleurs quand même un peu indigestes.
Mais l’univers de Wolverine est plutôt éclectique, difficile de classer avec justesse un album avec une étiquette ineffaçable. Ainsi "Pulse" participe t-il à dépeindre la face plus synthétique de la musique du quintet, de son rythme presque martial et de sa profusion de claviers, alors que "In The Quiet Of Dawn" avance sur les pas trip-hop en mode électrique sur lesquels les louvarts nous avaient déjà autrefois dirigés. Un penchant notoire pour la différence qui ne jure en rien avec l’habilité qu’ils ont à la manipuler.
Au final c’est toujours l’émotion qui jaillit et l’emporte des compositions des Scandinaves. Leur supériorité justifiait parfaitement une si longue attente. Wolverine accouche dans la souffrance d’un projet véritablement accompli qui de plus se bonifie au fil des écoutes. Un seul mot, incontournable !