Autoproduction, petit groupe français, métal torturé,… des mots qui sauront susciter la curiosité des foules! Dewey est tout ça à la fois, formé en 2006 à Orléans par cinq potes dans l’idée de créer un groupe sans limite musicale et sans style prédéfini, selon les propres termes du groupes. Entré en studio en mai 2010, Dewey accouche de son premier album, un éponyme totalement autoproduit, mélange intrigant de violences et d’atmosphères sombres un rien dépressives!
Rien qu’à l’écoute de "Le Paraître", l’auditeur est prévenu qu’il aura droit à un album placé sous l’estampille de l’artisanat : chant hurlé et guttural, guitares sales, son de batterie manquant un peu de puissance et de personnalité mais doté d’une efficacité sans pareil, et une basse très présente sans être assommante, très équilibrée qui, tel un Marcus Miller, sait appuyer et renforcer une mesure ou une partie au bon moment, sans en faire des tonnes. "La Peur Du Manque" et son intro à la limite du flamenco, se présente comme un autel dédié au culte de la barbarie. Mais si cette barbarie se montre violente et agressive, elle apparait malgré tout comme maitrisée et contrôlée! D’autres passages sont plus posés comme les délicieuses envolées des deux guitaristes sur "Priez" et l’hystérique "On Va Tout Perdre", ou le mélancolique instrumental "Betelgeuse". Dewey s’est également risqué au pari réussi d’un habile mélange de voix stridentes typiques du black-métal, évoquant tour à tour Burzum, Mayhem (période Maniac), Emperor et même Darkthrone, et d’autres parties vocales plus lourdes et graisseuses façon death-métal. Comme quoi, à chercher l’originalité, on peut tomber sur des perles ! "Instincts", autre très bon titre, sort un peu du lot pour son côté thrashy. L’ensemble du disque se fait donc dynamique, frais, original et très plaisant.
"Dewey" n’est cependant pas exempt de quelques (petits) défauts. Ainsi, nous regretterons la présence de deux titres vraiment plats et trop longs: "Terres et Racines" et "Contrôler". Quant à l’artwork, aussi réussi soit-il, ne colle pas avec les ambiances qui se dégagent de la musique.
Dewey officie donc dans un genre un peu particulier, entre le black, le death et le prog’, qui risque d’en prendre plus d’un au dépourvu et saura se faire apprécier de la sphère underground, pour atteindre sans aucun doute prochainement le niveau supérieur, aussi bien commercialement que musicalement. A surveiller de très près !