La reconnaissance peut parfois avoir des effets indésirables. C'est peut-être ce que les Danois de Pretty Maids vont finir par penser. Alors que le faible "Jump The Gun" n'avait pas été à la hauteur du superbe "Future World" qui l'avait précédé, voilà qu'après un excellent "Sin-Decade", le quatuor doit subir la pression de son label pour une opération à visée commerciale. En effet, la reprise du "Please Don't Leave Me" de Sykes et Lynott a rencontré un véritable succès sur les ondes. Du coup, les dirigeants de Columbia insistent auprès de Atkins, Hammer & Cie pour qu'ils fassent preuve de douceur sur leur nouvel opus, histoire de continuer à caresser les radios dans le sens du poil.
Si l'idée de base peut paraître intéressante, certains groupes métalliques s'étant frotté avec succès à l'exercice du unplugged, ce dernier nécessite cependant inspiration et motivation, deux ingrédients qui semblent malheureusement absents sur la majorité des titres de ce "Stripped" à la pochette hideuse. Entre les relectures acoustiques d'anciens titres, les reprises d'autres artistes et la réutilisation de morceaux déjà proposés à l’ occasion de l’Ep "Offside" qui avait servi d'échauffement au nouveau line-up, il ne reste pas grand chose de réellement nouveau à se mettre dans les oreilles. Pourtant, "If It Ain't Gonna Change" fait illusion, à la fois délicat et dynamique, et porté par le chant toujours aussi accrocheur de Ronnie Atkins, alors que "Too Late, Too Loud" fait preuve d'une énergie absente sur l'essentiel de cet opus.
Malheureusement, entre la version acoustique de "Please Don't Leave Me", réchauffée et racoleuse, les gentilles ballades "In The Mind Of The Young" et "I'll Be There" à chanter autour d’un feu de camp, ou l'indigeste version piano-chant de "Savage Heart", l'attention s'est envolée depuis longtemps. Seul un "Say The Word" un peu plus produit et la reprise du "'39" de Queen réussissent à surnager.
Cela ne sera pas suffisant pour sauver un album qui pourra au maximum envisager une existence de bande-son pour ascenseur, ceci malgré les efforts louables de Ronnie Atkins, et alors que la question du crédit de Michael Fast se pose, la batterie n'étant présente qu'à de rares occasions. Voilà ce qu'on appelle un plantage dans les grandes largeurs: les amateurs de gros riffs ne se laisseront pas abuser plus d'un ou deux titres, alors que les oreilles en recherche de douces mélodies décrocheront rapidement elles-aussi devant la platitude de l'ensemble. Il est donc urgent pour Pretty Maids de rebrancher les amplis et de nous balancer à nouveau le métal racé qui a fait sa réputation.