C'est en 1997, un peu moins de deux ans après un premier essai méritant mais faible, que les Américains de Kamelot reviennent avec un deuxième album, "Dominion", toujours avec le même personnel emmené par le guitariste Thomas Youngblood. Faible est bien le mot pour "Eternity", car malgré sa bonne volonté, le heavy mélodique et un peu progressif de Kamelot est encore très loin des critères de qualité du genre. Ce deuxième album est donc une étape importante pour le groupe s'il veut se faire connaitre aux amateurs du genre dans une époque où la concurrence est terrible.
Malgré des améliorations, le résultat est encore très mitigé… Le son est encore une fois déplorablement faible, la batterie peine toujours à se faire entendre et le tout manque cruellement de puissance. Ainsi, des chansons de qualité sont franchement handicapées par cette production de seconde zone. De plus, Mark Vanderbielt, s'il a un peu progressé, reste un chanteur moyen sans le petit truc qui permettrait à Kamelot de sortir de la masse. Si l'on ajoute qu'il est même franchement à la peine sur certains passages, ce "Dominion" accumule comme son grand frère pas mal de handicaps.
Mais il y a quand même de l'espoir ! Youngblood confirme par son jeu et ses compositions qu'il a un grand potentiel artistique. Et ce potentiel s'exprime dans quelques titres qui retiennent particulièrement l'attention. Déjà l'introduction "Ascension" et le premier titre "Heaven" sont de meilleures qualité que tout le premier album. L'intro nous plonge dans un heavy symphonique de belle facture, tandis que "Heaven" est un bon titre de speed-mélodique avec de bons riffs et un chant qui tient la route, notamment sur un très bon refrain, malgré quelques faiblesses dans les aigus. Ensuite, avec "Rise Again", on tient un titre plus lent qui colle bien au chant de Mark Vanderbielt et malgré ce son bien trop faiblard, la chanson s'avère être un très morceau de heavy progressif et symphonique.
La suite n'est malheureusement pas aussi mémorable. Youngblood est motivé mais il ne peut à lui seul sauver les meubles. Il lui manque des partenaires efficaces qui le pousserait, lui et Kamelot, vers le haut. Ainsi, avec "One Day I'll Win", long et répétitif", "We Are Not Separate", plombé par le chant, ou la bien faible ballade "Birth Of A Hero" manquant d'émotion, Kamelot se rate dans les grandes largeurs. Le tout donne un énorme ventre mou à un disque qui semble bien long. Heureusement, l'instrumental "Creation", composé en partie par le bassiste Glenn Barry, remontre nettement le niveau avec ce savant mélange entre heavy mélodique, passages atmosphériques et symphoniques. La suite alterne bon et moins bon, moins bon avec un "Sin" très faible et mal chanté ou avec un "Crossing Two Rivers" d'une rare banalité. Bons moments avec "Song Of Roland", sympathique titre de heavy mélodique avec un très beau break acoustique.
On sent clairement qu'il ne manque pas grand-chose au bouton qu'est Kamelot pour s'épanouir. Cela passe d'abord par une meilleure production. Par contre, on doute de la capacité de Mark Vanderbielt à progresser et à franchir le cap et se mettre au niveau des grands du genre. "Dominion" reste donc lui aussi un disque mineur du genre et de Kamelot. Si le groupe veut progresser de grands changements s'imposent rapidement.