Je pourrais dire, en paraphrasant Raymond Devos : Dieu ce que j'ois est triste. Je ne connais pas bien le reste de la discographie de Sigur Rós, mais je crois qu'avec cet album au nom presque aussi dur à écrire qu'à prononcer, ces joyeux Islandais ont battu un record d'intimisme mélancolique et sombre.
Pour nous mettre tout de suite dans l'ambiance, l'album débute par une petite intro (1'30) constitué de quelques phrases chantées sur un fond de musique passée à l'envers pour finir sur les grondements lointains d'un orage menaçant. Ceci pour lancer le deuxième titre qui s'étire pendant près de 10 minutes dans ce même registre sombre et inquiétant. La musique est lente et basée sur des sonorités ressemblants à des cornes de brume et le chant féminin qui semble ululer avec ses finales en "ou" me fait penser aux hurlements lugubres d'un loup dans une plaine glaciale du grand nord.
Je remets deux bûches dans le cheminée et je reprends l'écoute de cet objet frigorifique.
Les deux morceaux suivant sont chantés par une voix masculine un peu plus enjouée que la voix précédente. Le fond musical est fait de violons pleureurs pour le premier titre et de violoncelle pour le deuxième, le tout parsemé de plage d'orgue dans les registres basses et "tuyaux métalliques". Au cinquième titre, la voix féminine revient toujours aussi larmoyante et je suppose que c'est la coloration de la langue qui donne cet effet de profonde tristesse.
Et tout le reste de l'album est de cette teneur qui vous fait comprendre pourquoi le taux de suicide est aussi élevé dans les pays nordiques. D'ailleurs, sans l'intervention de ma blonde qui m'a rattrapé au bord du pont, je n'aurais jamais fini cette chronique, et pourtant je suis d'un naturel optimiste.
Je ne sais pas si je passe à coté d'un chef d'oeuvre, mais je ne supporte pas cette musique qui ferait passer le plus triste des passages de No-Man pour de la samba. Cet album ne devrait pas être distribué sans un avis médical attestant de votre solidité mentale.