Arrimé à ses débuts en 2003 à la Sainte chapelle d'un Funeral Doom alors en plein essor, Pantheist s'en est pourtant toujours distingué à la fois par les atours fortement liturgiques dont il a très tôt enveloppé sa musique et par l'importance du chant clair d'une solennité évidente. De fait, Si O Solitude et Amartia pouvaient justifier leur place parmi les monuments suicidaires enfantés au même moment par Shape Of Despair, Until Death Overtakes Me et Tyranny, Journey Through Lands Unknown a vu le groupe larguer les amarres pour accoster une terre franchement plus progressive et atmosphérique.
Ce nouvel opus, dont le nom éponyme semble vouloir signifier un nouveau départ, ce que suggère en outre le changement de label, le collectif passant de Firebox qui l'accueillait depuis ses origines à Grau, confirme et amplifie même cette évolution artistique. Et autant le préciser tout de suite, Pantheist ne noue désormais plus aucun lien avec le Funeral Doom dont les seuls oripeaux ne sont plus guère lisibles qu'à travers quelques parcimonieuses voix d'outre-tombe ("Broken Statue"). Pourtant l'entité, qui fait toujours le grand écart entre la Belgique et l'Angleterre, n'a pas fondamentalement changé, à l'image de la présence aussi bien vocale que instrumentale de Kostas Panagiotou. Ses performances au piano et aux claviers constituent toujours la colonne vertébrale d'un art qui a perdu en noirceur funéraire ce qu'il a gagné en beauté évanescente.
Bénéficiant à nouveau du talent de Greg Chandler (Esoteric) derrière la console et pour la dernière fois de celui du bassiste Mark Bodossian (ex Mournful Congregation), Pantheist signe un album extrêmement riche, tout en ambiances et en sourde mélancolie qui lui permet d'entraîner son Doom qui n'appartient qu'à lui dans des méandres tortueuses. L'épique "The Storm", certainement l'Everest de cette quatrième ostie, symbolise à merveille ce sens de la construction progressive avec sa longue partie instrumentale où les claviers se parent des tonalités d'un Mellotron comme échappé d'un vieux King Crimson, cependant que des notes de guitares hispanisantes lui confère une jolie tristesse.
A l'écoute de "Be Here", tout en vocalises emphatiques ou du terminal "Live Through Me", que dominent entièrement le piano et un synthétiseur, on mesure combien le groupe est influencé par le rock progressif des années 70. Ce mélange à priori contre nature entre deux musiques qui semblent ne partager que le goût pour les longues compositions, explique la place singulière qu'occupe plus que jamais Pantheist au sein de la scène à laquelle il est rattaché, différence qu'il cultive avec intelligence.
Et si cet album n'est pas sans défaut avec une partie centrale s'articulant autour du très beau trypique "The Storm"/"Be here"/"4:59", encadrée de titres légèrement plus faibles bien que réussis, il a le mérite de montrer un groupe qui continue de travailler son art, de le polir sans gommer des traits, des lignes fixées en réalité depuis ses débuts. Moins dépressif, plus atmosphérique, Pantheist reste donc fidèle à lui-même, suscitant toujours des moqueries polies chez ceux qui trouvent le chant de Kostas (vraiment) trop ampoulé et séduisant ses (vrais) fans qui eux, ne seront pas déçus...