Neuvième album studio des américains de Kamelot, "Poetry For The Poisoned" nous arrive plus de trois ans après "Ghost Opera". Sur cet album, Kamelot a vu partir son fidèle bassiste, Glenn Barry, remplacé par Sean Tibbetts qui n'était autre que le tout premier bassiste du groupe à sa fondation en 1991. Ce nouvel album est assez important pour Kamelot car il arrive à une période délicate, le groupe approchant des 20 ans de carrière et semblant à la croisée des chemins. "Ghost Opera" montrait en effet une formation usée et stagnante qui se contentait de réciter ses gammes, loin de l'inspiration des disques précédents.
L'ensemble est de prime abord assez charmeur avec une pochette et un livret magnifiques, à la fois sombre et lumineux, une production de Miro et Sacha Paeth toujours aussi parfaite et un Roy Khan chantant toujours aussi bien, avec ce timbre de voix qui semble si fragile mais qui est toujours aussi empli de feeling. A cela s'ajoute une pléiade d'invités en tout genre dont Simone Simons (Epica) l'habituée, Speed de Soilwork ou encore Gus G (Ozzy Osbourne) et Jon Oliva (Savatage).
Mais tout cela est très trompeur car la coquille, aussi belle soit-elle, est bien creuse après en avoir fait le tour. Les invités font un peu office de cache misère, quand on les distingue, tant la musique de Kamelot est devenue passe partout et sans âme.
Intelligemment le meilleur titre ouvre l'album et avec "The Great Pandemonium" on retrouve le Kamelot que l'on aime, frais, mélodique, chanté magnifiquement avec un refrain splendide, parfait mélange de douceur et de puissance. On retiendra ensuite "If Tomorrow Came", rapide et bien chanté avec de jolies orchestrations mais déjà un ton en dessous avant que l'ensemble ne commence à péricliter.
En effet, en dehors de ces morceaux, c'est le désert... Entre la ballade, "House On A Hill", chantée par Khan et Simone Simons d'une banalité et d'une mollesse affligeante et les titres passe-partout, "The Zodiac", "Necropolis", "Once Upon A Time" ou "Seal Of Woven Years" dont rien ne ressort, le constat est terrible. Et on peut y ajouter un mauvais titre symphonique, sensé être le cœur du disque, en 4 parties très courtes, "Poetry For The Poisoned" qui, s'il ne décolle jamais, se présente même comme assez prétentieux.
"Poetry For The Poisoned" est donc une cruelle déception prouvant que l'habit ne fait pas le moine. Il n'est en grande partie que poudre aux yeux et pur produit marketing qui peut faire son effet sur l'instant mais qui dont la durée de vie est bien limitée. Si Kamelot semble se reposer sur ses fragiles lauriers, il lui faudra se bouger sérieusement sous peine de sombrer dans les méandres du genre comme tant d'autres l'ont fait avant lui.