MURKRAT: Drudging The Mire (DOOM) : avis / chronique à lire sur Music Waves

Si on ne compte plus les one-man bands, capable de remplir un botin entier à eux tous seuls, en revanche les one-woman bands s'avèrent quant à eux bien plus rares. Murkrat est de ceux-ci. Alors certes, la charmante Mandy VKS Cattleprod, puisque c'est d'elle dont il s'agit, est secondée par un batteur et n'est donc pas seule à bord mais dans l'esprit c'est tout comme, la jeune femme se chargeant de quasiment tout au sein de la micro-entreprise, du chant aux guitares, des claviers aux textes sans oublier l'artwork. Installée à New South Wales, véritable épicentre de la scène extrême australienne, elle est une activiste réputée au sein du Doom underground grâce à Lycanthia ou The Slow Death, ce que confirme son union avec Aesthetic Death, un des labels les plus cultes au sein de cette chapelle. Le genre n'étant pas uniquement un art musical mais surtout un sacerdoce, la belle lui reste toujours fidèle quelque soit le projet qu'elle butinne.

Avec Murkrat, dont Drudging The Mire est la seconde ostie, elle s'abîme dans les arcanes d'un Doom pétrifié par la douleur et la contrition. Son chant spectral ou gangrené par la folie drape ses (très) longues plaintes mortifères, d'un suaire que les nappes de claviers aux teintes funéraires terminent d'enterrer dans la terre. Madonne polluée, Mandy promène son mal être maladif qu'elle rehausse d'une légère touche gothique tout du long de cet album aux allures de chemin de croix, débutant avec une procession et mourant par une courte et lente immersion.

C'est donc lancinant à l'extrême et d'une lenteur digne d'une limace droguée au Valium. Ca l'est même tellement que le batteur a le temps d'aller pisser entre deux coups de caisse claire. Mais le Doom, surtout dans sa configuration jusqu'auboutiste, comme c'est le cas avec Murkrat, est avant tout une question de foi et ne s'explique pas. On peut être touché par le froid désespoir et la puissance sourde d'un titre tel que "The Mighty Spires", par exemple où la jeune femme chante comme si demain ne devait plus exister au point de vous tirer des larmes, comme on peut s'y ennuyer ferme. Il y a pourtant une telle beauté sinistre qui ruisselle de ces mortifications qui vous engourdissent peu à peu avant de vous traîner vers la tombe. Du grand art.

Drudging The Mire est une oeuvre hantée par la mort et par une faute qu'il paraît impossible de pardonner, Golgotha sans fin que seuls les flagellants les plus zélés pourront gravir. De fait, parvenir au bout est une épreuve. Mais quelle délivrance une fois parvenue au bout...

MURKRAT

DRUDGING THE MIRE

AUTRE LABEL

DOOM